Nommé diplomate en Corée à la toute fin du 19e siècle, Victor Collin de Plancy (1853-1922) a parcouru le pays au gré de ses nombreux déplacements politiques. Au cours de ses voyages, ce dernier a collecté des dizaines de photographies et cartes postales attestant de « l’occidentalisation » de la société coréenne à cette période.
De la même façon que l’édition de cartes postales au Japon (voir article), les coréens misent sur l’exotisme et présentent essentiellement une Corée rurale. Outre Séoul, la capitale, le corpus du diplomate nous donne un aperçu des paysages et monuments de l’actuelle Corée du nord, ainsi que les lieux emblématiques de l’actuelle Corée du sud lorsqu’il était en fonction (1887-1906).
Pour des questions de cohérence historique, les cartes postales du nord et du sud de la Corée n’ont pas été séparées en deux ensembles distincts, la Corée étant unie et indépendante lors du séjour de Victor Collin de Plancy. Elle le restera lorsqu’elle passera sous protectorat japonais à partir de 1905, un événement historique qui précipitera le retour du diplomate en France.
Les cartes postales coréennes collectées par Collin de Plancy nous donnent un aperçu de la géographie de la Corée : des plaines au nord, des montagnes au sud ; une Corée du nord plus agricole et rurale, une Corée du sud plus urbaine et lettrée en raison de la présence de la capitale (Séoul) dans cette partie du pays. Elles nous donnent également une vision historique plutôt réaliste du pays et du mode de vie des coréens à cette période. En effet, le corpus ci-dessus laisse peu de place à la mise en scène. Il s’agit davantage de faire connaître la Corée au reste du monde et de sortir de l’isolationnisme, au même titre que le Japon, ce «royaume ermite ». Le pays ayant longtemps été scindé en trois parties (voir les trois royaumes de Corée) avant de s’émanciper et de se couper du reste du monde durant la période Joseon (1392-1897).
Les cartes postales du fonds Collin de Plancy, à travers les informations qu’elles nous apportent sur la société coréenne du début du 20e siècle se présentent donc comme de véritables sources historiques. S’il existe nécessairement une dimension commerciale dans la diffusion de ces images, il n’en demeure pas moins que ces photographies sont des témoignages d’une période historique révolue et d’une volonté politique forte de la part de l’empereur de Corée à compter de la promulgation de l’Empire de Corée (1897-1970), période à laquelle Collin de Plancy prend ses premières fonctions au « pays du matin calme ».