Froufrous et crinolines

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Par Caroline Maire | Le 31 mars 2023 | Iconographie | Presse

Si la beauté est un concept en constante évolution, les historiens de la mode ont mis en évidence les liens étroits entre les métamorphoses de la robe à travers les âges, et la place des femmes dans la société.*

Au 19e siècle, après une euphorie révolutionnaire de courte durée, les femmes restent soumises à l’autorité de leur père puis de leur mari. A partir des années 1850, l’Impératrice Eugénie se fait influenceuse avant l’heure, et lance une mode largement inspirée du siècle précédent. Entre faste et carcan, le vêtement enserre les corps et empêche le mouvement, à l’image de l’attitude de passivité attendue d’une femme en société.

La silhouette idéale est alors celle d’un sablier.

Le corset règne en maître, rehausse la poitrine et affine dangereusement la taille, qui mesure idéalement entre 44 et 53 cm. Les épaules, étroites et tombantes, sont ainsi mises en valeur, de même que les hanches que l’on accentue par l’usage de 6 ou 7 jupons. Les étoffes sont riches et lourdes, le tissu de la jupe affleure le sol et cache les chaussures.

Sous les jupes, les armatures figent la silhouette. La crinoline-cage fait son apparition à cette époque, remplaçant les jupons : constituée d’une structure de cercles d’acier allant du plus petit en haut, au plus large en bas, maintenus entre eux par des lanières de coton. C’est la « mode ronde », encore appelée « à la Pompadour ».

La robe à transformation permet aux femmes de la haute société d’adapter rapidement leur tenue aux différents moments de la journée. Elles peuvent ainsi conserver la crinoline et la jupe, tout en modifiant le corsage, et en ajoutant différents accessoires tels une guimpe ou un bolero. Un châle et des gants peuvent venir compléter la tenue ; discret, le chapeau souligne simplement la silhouette. Pour les grandes occasions, comme les bals, des guirlandes de fleurs peuvent orner le jupon.

Mais ces atours ne sont pas sans conséquences sur la santé. Le corset en particulier, symbole auquel les suffragettes s’attaqueront un demi-siècle plus tard, est déjà décrié par de nombreux médecins. Parce qu’il déforme le squelette, comprime les organes internes et entrave la respiration, il est responsable de nausées et évanouissements, provoque fausses-couches, rachitisme des nouveaux-nés, et autres prolapsus…

Si leur indéniable beauté déclenche toujours une certaine fascination, c’est donc plutôt sur le papier que nous sommes heureuses aujourd’hui d’admirer ces robes…

La presse féminine connait un essor particulier au 19e siècle, et de nombreux journaux voient le jour entre 1830 et 1840. Et c’est à Charles Des Guerrois, grand collectionneur à la curiosité éclectique, qui légua sa bibliothèque à la ville de Troyes en 1916, que nous devons aujourd’hui de pouvoir nous plonger dans les revues de mode du Second Empire.

Sa collection comporte en effet plusieurs titres emblématiques, parmi lesquels Le Moniteur de la mode. Créé à Paris en 1843 et implanté à Londres, New-York et Saint-Pétersbourg, il a pour origine Le Journal spécial des nouveautés de la Maison PopelinDucarre, maison de couture fréquentée par l’aristocratie et la haute bourgeoisie.

Son succès international est surtout dû à la qualité des gravures de Jules David, son dessinateur exclusif durant de nombreuses années, qui en dessina la quasi-totalité des planches mensuelles hors-texte.

Des gravures en taille-douce, colorées à la main, qui mettent en scène des femmes issues de la grande bourgeoisie, habillées pour les différentes heures de la journée, et donnent l’impression d’entrer dans l’intimité de la vie mondaine et des cérémonies données à la cour.

* Georges Vigarello, La robe. Une histoire culturelle. Du Moyen Âge à aujourd’hui.

Petit précis de vocabulaire à l’usage des modeuses du 19esiècle

  • Basquine : vêtement formant une deuxième jupe relevée sur la première.
  • Berthe : sorte de pèlerine ou de garniture qui s’ajoute à un corsage d’ordinaire décolleté.
  • Capote : petit chapeau en étoffe plissée ou piquée, noué sous le menton par deux rubans.
  • Corset : sous-vêtement féminin comportant des baleines et destiné à modeler le buste.
  • Crinoline : vaste jupon bouffant, à l’origine en étoffe de crin, garni d’abord dans le bas de lames souples et de baleines, puis constitué par des cerceaux métalliques reliés entre eux par des rubans de toile sur lesquels le tissu était cousu.
  • Frileuse : capuchon en laine tricotée.
  • Guimpe : corsage brodé ou froncé, sans manche et très montant, qui se porte sous une robe décolletée.

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