Au 19e siècle, la mode féminine se caractérise par son opulence. L’extravagance des coiffures et des chapeaux est à relever en particulier. Outre les influences des styles du passé, les chevelures s’ornent d’étoffes, de rubans, de plumes gigantesques : une véritable folie des grandeurs. En effet, si la mode masculine s’ancre dans la tradition et les vicissitudes politiques, des dizaines de revues de mode féminine fleurissent. La Médiathèque conserve quelques revues très prisées à l’époque :
- Almanach de la mode illustrée
- Journal des coiffeurs
- Moniteur de la mode
En parallèle de ces revues hebdomadaires à succès, de nombreux ouvrages sont consacrés à l’histoire de la mode, comme L’histoire de la mode en France d’A. Challamol (1875), proposent une rétrospective sur les évolutions de la mode féminine du Moyen âge à nos jours.
D’un point de vue historique, avant le 14e siècle, les femmes portaient essentiellement des couvres-chef, c’est-à-dire des accessoires de mode qui couvrent la tête, au sens large. Le chapeau est une sorte de couvre-chef apparu au 14e siècle, au même titre que le bonnet, les coiffes (capote, hennin, turban, voiles…). En revanche, la coiffure n’en est pas un. Il s’agit davantage d’un arrangement des cheveux qui inclut à la fois la manière de se coiffer et les ornements utilisés pour l’accompagner.
A. Challamol, dans son Histoire de la mode en France (1875), nous donne un aperçu assez complet de l’évolution de la mode capillaire et de tous les attirails qui surplombaient les chevelures féminines du 14e au 19e siècle. On trouve, pour chaque époque, des couvres-chef emblématiques tels que :
- L’escoffion, coiffure la plus excentrique du 14e siècle (gravure p.34, troisième figure, en partant de la gauche).
- Le hennin ou « chapeau de fée », reconnaissable à sa forme de cône, pour le 15e siècle (gravure p.38, figure de gauche).
- L’attifet, coiffe en cœur qui plonge vers le front, caractéristique du 16e siècle mais qui n’est pas représentée ici. L’auteur a privilégier la sobriété, signe de la simplification des couvres-chef à cette période (gravures p.55).
- Le pouf, coiffure typique du 18e siècle, portée par Marie-Antoinette, qui consiste à accumuler de la gaze – étoffes de lin ou de laine – vrais et faux cheveux, plumes, chapeaux, fleurs et rubans pour atteindre jusqu’à 1 mètre de haut pour les plus impressionnantes (gravure p.133, figure tout à droite).
- La capote, couvre-chef à brides populaire au 19e siècle (gravure p.161, figure de droite).
Malgré la qualité de l’ouvrage, certaines coiffes sont anecdotiques, voire caricaturales. Reste que les coiffures féminines ont, de tout temps, été élaborées, si tant est qu’on appartienne à une classe sociale élevée. Les gravures ci-dessous ne représentent donc que la mode de la haute société.
Contrairement aux siècles précédents, la mode du 19e siècle s’inspire beaucoup de la mode antique, médiévale et de la Renaissance. L’almanach de la mode illustrée, que nous conservons dans les collections de la médiathèque, nous montre cet engouement pour les modes du passé et nous renseigne sur les résurgences contemporaines.
Quelle que soit l’époque, se « coiffer » demeure indispensable pour marquer son rang, son âge, ses convictions. A ce titre, le 19e siècle s’émancipe des siècles précédents par l’arrêt de la systématisation du couvre-chef, au profit de la coiffure. Le Journal des coiffeurs, revue très populaire à cette période, donne des conseils aux jeunes femmes qui vont se marier pour se coiffer à la dernière mode. On y trouve de nombreux chignons surmontés de broderies, de fleurs et de bijoux…
Cela ne signifie pas pour autant que les couvre-chefs ne sont plus à la mode. La « capote », ce célèbre chapeau historique à bride ne cesse d’évoluer au fil du temps. Le Moniteur de la mode nous donne un aperçu de son usage vers 1845.
Sommes toutes, plus l’on se rapproche de la fin du 19e siècle/début du 20e siècle, plus les coiffures et les chapeaux sont extravagants et à larges bords.
Terminons sur l’histoire des chapeaux et de la coiffure sous un angle plus « politique ». Au 19e siècle, il était d’usage que les femmes portant des chapeaux et de volumineuses coiffures, coincent une ou plusieurs épingles dans leurs cheveux. Outre l’aspect esthétique, ces épingles pouvaient également servir d’arme pour se défendre. En 1916, des francophones tentent de faire valoir leurs droits en repoussant les offensives de la police canadienne en brandissant leurs épingles à chapeaux. Cet évènement est mieux connu sous le nom de « guerre des épingles».
Très intéressant ! merci