A la faveur des prochaines Journées Européennes du Patrimoine dédiées au patrimoine architectural, prenons le temps de visiter la chapelle de l’ancien couvent des Cordeliers.
Le couvent des Cordeliers a été tour à tour lieu de prédication, lieu de culte et lieu public avant la construction de l’hôtel de ville, avant d’être remplacé par la prison. Mais le couvent est aussi le premier jalon de la bibliothèque publique de Troyes.
La Chapelle de la Passion…
Peu après la création du couvent, les Cordeliers font construire une chapelle dédiée à la Passion. En 1472, le pape Sixte IV accorde des indulgences pour le financement de la bibliothèque placée au-dessus de la Chapelle et pour des réparations sur les bâtiments existants.
Sa construction débute vers 1476 avec Nicolas de Guiotelli, et s’achève avec Regnault de Marescot. Elle est dédiée et bénite en 1486.

« La chapelle de la Passion était entièrement isolée de l’église ainsi que les galeries couvertes ou promenoirs qui en dépendaient […]. Le plan de cette chapelle était un carré long formant une seule nef divisée en cinq travées ; chacune de ces travées répondait au midi à une arcade formée en ogive dont la première à gauche était entièrement ouverte et servait d’entrée principale ; elle n’était fermée que par une grille en bois et communiquait avec l’aile de la galerie couverte qui de ce côté était baignée par le bras de la Seine qui traverse la ville » Arnaud, Voyage archéologique et pittoresque dans le département de l’Aube.
La chapelle a double vocation : la salle du bas sert au culte et à l’étage une vaste salle est utilisée comme bibliothèque. Elle est détruite en 1833 mais elle est immortalisé par une aquarelle aujourd’hui conservée au musée de Vauluisant et Arnaud en donne une description complète dans son Voyage archéologique et pittoresque du département de l’Aube.


Arnaud ajoute la gravure de chapiteaux (dont certains sont conservés au musée de la ville) et du retable fait de pierre mais entièrement doré où il a placé les 3 statues de la Vierge, de saint Jean et du Christ provenant de l’église.
« Comme celui de la chapelle, le pavé de la bibliothèque était composé de petits carreaux de faïence disposés en grands compartiments et encadrés par des lignes de carreaux de terre tout unis. Les premiers étaient ornés de fleurs de lys peints en jaune ; on y remarquait de plus des figures grotesques, dans le genre de celles de Callot, dont elles n’étaient peut-être que des copies. » Arnaud, Voyage archéologique et pittoresque dans le département de l’Aube.
… Et sa bibliothèque
Au-dessus de la chapelle se trouvait une salle de mêmes dimension et plan. Seuls le nombre et la forme des croisées diffèrent.
Elle regroupait les ouvrages nécessaires à l’étude des frères. Marie-Louise Auger en a réalisé une étude approfondie (disponible en ligne). Dans la salle se trouvaient 2 rangées de 11 pupitres, et chaque pupitre contenait plusieurs volumes. Le manuscrit 2259, conservé à la Médiathèque Jacques-Chirac, en fait l’inventaire en 1528 aux folios 9 à 23, alors que les folios 1 à 6 reprennent l’inventaire de la bibliothèque secrète, faisant office de chartrier.
La bibliothèque des Cordeliers s’enrichit en 1651, grâce au don de 3 987 volumes du docteur Jacques Hennequin. Il impose alors aux Cordeliers que la bibliothèque soit appelée « Bibliothèque de Troyes » et ouverte les lundis, mercredis et vendredis de toute l’année. Le manuscrit 712 est un nouvel inventaire de la bibliothèque réalisé en 1769. A la Révolution, les livres subsistants ont été intégrés aux collections publiques de l’ancienne bibliothèque de la ville et sont donc maintenant à la médiathèque Jacques-Chirac.

Hennequin, donateur à l’origine de la bibliothèque, s’est fait inhumé dans la chapelle de la Passion. Sa pierre tombale est aujourd’hui intégrée à l’exposition permanente de la médiathèque.
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