De l’instruction de la jeunesse troyenne au 17e siècle (1)

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Par Emmanuelle Minault-Richomme | Le 23 avril 2018 | Histoire locale | Imprimés

Au début du 17e siècle, la ville de Troyes connaît un développement exceptionnel de congrégations religieuses, avec l’arrivée en 1605 d’un nouvel évêque, René de Breslay (1557-1641). Bien qu’Henri IV ait abjuré le protestantisme en juillet 1593, mettant ainsi fin aux guerres de religion, l’église catholique œuvre toujours au recul de l’église réformée. C’est dans ce cadre que le prélat troyen, homme d’action avant tout et fin stratège, combat le protestantisme, non par les armes, mais par la multiplication des institutions catholiques d’enseignement et des maisons de prière dans son diocèse (cf. Jean Muller, in La Vie à Troyes sous Louis XIII)

De sa nomination en 1604 jusqu’à la fin de sa vie, René de Breslay fait venir à Troyes nombre d’institutions religieuses (Oratoriens, Lazaristes, Capucins pour les hommes ; Ursulines, religieuses de Notre-Dame, Carmélites, Visitandines pour les femmes), avec notamment la forte motivation d’offrir un enseignement solide aux jeunes. Il est à noter toutefois que l’évêque échoua dans l’installation des Jésuites, suite à une farouche opposition de Troyens influents, qui trouvaient les Jésuites trop attachés au Pape et trop éloignés des intérêts français.

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Focalisons-nous ici sur l’instruction des jeunes filles, dispensée à partir de 1628 par la congrégation des Ursulines, venues de Châtillon-sur-Seine, qui enseignent la lecture et l’écriture gratuitement. En témoignent la vingtaine de provenances conservées dans le fonds ancien de la Médiathèque de Troyes Champagne Métropole, issu des confiscations révolutionnaires ; à côté d’ouvrages attendus d’histoire sainte ou d’édification, comme la Vie de l’illustrissime François de Sales (Lyon, 1625 ; cote MTCM : CC.9.3350), Le Temple de la félicité (Paris, 1630 ; cote MTCM : I.6.2272) ou Sainte Ursule, triomphante des cœurs… (Paris, 1666 ; cote MTCM : DD.5.1861), on trouve un ouvrage didactique imprimé à Paris en 1609, intitulé de façon très moderne pour l’époque, L’Aprenmolire francois, pour apprendre les jeunes enfans et les estrangers a lire en peu de temps les mots des escritures françoises nouvellement inventé & mis en lumière [sic] (Paris, 1609 ; cote MTCM : T.12.1561) du poète poitevin Pierre Le Gaygnard   ; le programme pédagogique est en effet novateur, présentant une nouvelle réforme orthographique du français, associée à une méthode didactique pour l’enseignement de la lecture, basé sur les syllabes ; l’ouvrage est divisé en quatre grands chapitres appelés exercices.

Témoignage de l’action des Ursulines en faveur de l’instruction des jeunes filles, la Médiathèque de Troyes vient d’acquérir une rare édition d’un « Pseautier » de David, en latin, « imprimé en faveur des écolières des religieuses Ursulines de Troyes » ; la valeur de cette acquisition réside également dans la mention d’édition, due à l’imprimeur troyen Jean Garnier en 1736 (cote MTCM : Cl 8° 24092).

Et dans un souci de parité, nous parlerons une prochaine fois de l’instruction des garçons chez les pères de l’Oratoire…

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