Nos expos voyagent : Philippe Guesdon à Abbeville

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Par La Médiathèque du GT | Le 21 mars 2016 | Chez nos partenaires

L’exposition Philippe Guesdon. Ressentis, peintures de gravure, conçue par la Médiathèque du Grand Troyes, en coproduction avec les municipalités de Yerres et d’Abbeville, vient de finir son périple au Centre culturel Saint-André d’Abbeville. Avec elle, s’est achevé le voyage des collections patrimoniales de la Médiathèque, mises en regard des œuvres contemporaines de l’artiste. Suite à cette exposition, la Médiathèque a fait l’acquisition d’une œuvre de Philippe Guesdon Apocalypse 31-1, créée à partir de sa relecture du livre gravé d’Albrecht Dürer, Apocalysis cum figuris dont la Médiathèque conserve un très bel exemplaire (cote Patrimoine Incunable 1). Soucieux d’enrichir les collections de l’établissement, Philippe Guesdon a fait don du pendant de l’Apocalypse 31-1, considérant ce duo de toiles (non comme un diptyque mais) comme un ensemble indissociable.

Philippe Guesdon est représenté par les galeries Nathalie Fiks (Paris) et Ty Art Show (Perros-Guirec).
Il a notamment exposé dans les musées de Calais, Cholet, Clermont-Ferrand, Soissons, Orléans et Niort et dans les abbayes de Saint-Riquier, Trizay, Flaran. Le CAC de Saint-Pierre-de-Varangéville a présenté, en 2014, une exposition rétrospective de son travail sur Dürer : Temps tressés, accompagnée d’un catalogue aux éditions Carpentier.

Réappropriations

Le travail de Philippe Guesdon se développe en suites, prenant pour thèmes des motifs naturels et architecturaux, et des réappropriations d’œuvres consacrées de l’histoire de l’art. Son œuvre se concentre sur une reprise contemporaine de l’œuvre gravé sur bois d’Albrecht Dürer (1471-1528) et de ses contemporains. Il a revisité la Nef des fous, un récit versifié de Sébastien Brant, paru en 1494, qui brosse le tableau de la condition humaine sur un mode satirique, et dont Dürer a réalisé une série d’illustrations. Il a aussi réinterprété les calendriers et compost des bergers, illustrés de bois gravés, qui sont diffusés à partir du XIIe siècle. La Médiathèque conserve, notamment, le premier Calendrier des bergers, imprimé à Paris par Guy Marchant en 1491. Ancêtre de l’almanach, Le Calendrier des bergers, « est une compilation de textes, médiévaux pour la plupart, qui se donnent pour but la connaissance de l’homme et de la nature. Manuel de bien vivre, il fournit des informations pratiques – le calendrier, le cours des astres, l’anatomie, le régime de santé – mais aussi des considérations morales et religieuses car bien vivre sur terre, c’est aussi bien préparer sa mort pour gagner le paradis. Les exhortations pour mener une vie bien réglée dans la crainte de Dieu sont donc omniprésentes dans l’ouvrage » (extraits du catalogue de l’exposition).

Philippe Guesdon / Albrecht Dürer : la démarche de l’artiste autour du graveur allemand

Philippe Guesdon se passionne, depuis plusieurs années, pour l’œuvre d’Albrecht Dürer, dont la force des compositions, ce qu’il appelle « la colonne vertébrale de la gravure », l’attire. Les gravures de Dürer illustrant la Passion du Christ ont servi de base au travail de l’artiste pour trois séries d’œuvres : les Passages (1999-2003), les Contiguïtés (2004-2011), et les Figures tressées (2006-2007). Le projet de la Nef des fous (2009-2012) explore plus précisément encore l’œuvre de Dürer et se traduit par une création plus abondante et variée dans les moyens plastiques utilisés. Il donne à voir la richesse du graphisme et de la composition des illustrations de Dürer qui, recomposées et hors de tout contexte narratif, demeurent d’une richesse absolue et d’une grande force.

Dans un premier temps, Philippe Guesdon reste fidèle à la gravure de l’artiste allemand, il en isole des fragments, des détails qui ne sont pas altérés : c’est le découpage du fragment qui donne le sens. Puis l’artiste amorce un nouvel axe de travail, renouant avec une démarche précédente : les toiles peintes sont découpées en bandes, puis remontées à l’intérieur de mailles de filet, créant ainsi une anamorphose. La figuration n’est plus alors si évidente, même si ces images tressées respectent le sens de la gravure. Dans la série des peintures fripées, l’artiste poursuit plus avant la dislocation de la narration en découpant ses dessins préparatoires en bandes assemblées, à l’inverse de la gravure (la première bande à gauche devenant la dernière à droite), et reproduit sur la toile la nouvelle image ainsi obtenue, modifiant complètement la perception de l’œuvre originale, tout en copiant minutieusement le graphisme.

A propos de la peinture Apocalypse 31-1, 2014, retenue par la Médiathèque du Grand Troyes – par Philippe Guesdon :

« L’ensemble de peintures composant la série de l’Apocalypse repose sur un principe simple : choisir pour chaque xylogravure de Dürer, illustrant son Apocalypsis cum figuris, deux détails signifiant clairement la vision du texte biblique traduit par l’artiste et souvent révélé par l’usage de ses moyens plastiques nouveaux.

Chacun de ces deux éléments retenus est peint sur une toile de format différent : pour l’un, un carré de 1 m x 1 m et pour l’autre, un format F (figure) 80. Il s’agit, en cela, de faire dialoguer ces deux fragments de l’œuvre, accrochés côte à côte, espérant du spectateur qu’il les considère de façon autonome. Son regard fait des aller-retour d’une peinture à l’autre, plutôt qu’il ne reste figé en une lecture globale comme peut la proposer un diptyque par exemple. Ce couple de « morceaux choisis » offre donc aussi la possibilité de considérer chacune des toiles comme un tout.

A l’observation de la neuvième gravure sur bois du maître allemand, Jean dévorant le Livre, le choix du premier fragment s’est imposé : la bouche ouverte avalant le manuscrit sacré. Pour sélectionner le deuxième endroit de cette même gravure, plusieurs options avaient un sens : l’architecture du ciel, l’ange offrant le Livre, l’arbre à la verticalité imposante et au tronc torsadé. J’ai opté pour ce dernier choix persuadé qu’outre son rôle majeur et signifiant de lien entre la terre et le ciel, il participe de manière essentielle à la pertinence plastique de l’ensemble de la xylogravure. »

Commissariat des expositions Troyes / Yerres / Abbeville : Cécile Navarra, Docteur ès Lettres et Arts, Chargée de mission développement culturel de la Médiathèque du Grand Troyes

Voir le catalogue de l’exposition :
Ressentis, peintures de gravures
, Médiathèque du Grand Troyes, villes de Yerres et d’Abbeville, 2015.

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