Le 24 août 1866, Henri Jorry, modeste employé de la maison Houplon, épouse Augustine Prieur, fille de cultivateur. Leurs deux noms accolés vont devenir celui de l’un des plus célèbres « Grands Magasins » de Troyes : la Maison Jorry-Prieur.
Entrepreneur avant l’heure, Henri Jorry monte plusieurs affaires avant d’établir, dans les années 1890, une boutique au 113 de la rue Notre-Dame (actuelle rue Emile Zola). Le magasin vend toutes sortes de tissus, mais propose également de la lingerie et des vêtements : un service de tailleur est proposé aux hommes tandis que les femmes peuvent acheter des vêtements de confection. Ce terme désigne un vêtement déjà tout fait, fabriqué en série, à l’opposé de celui qui serait réalisé sur mesure par une couturière : c’est l’ancêtre du prêt-à-porter.
Le magasin, dont la devise est « vendre bon, vendre bon marché » affiche d’emblée sa modernité : il est entièrement éclairé à l’électricité ! Il propose également des prix fixes, à une époque où la clientèle est encore habituée à négocier les prix. La maison ne tarde pas à s’agrandir : d’abord à Tonnerre, puis à Troyes, au 107 rue Notre-Dame. Henri Jorry fait entièrement rénover le bâtiment, le dotant d’une structure de verre et de métal librement inspirée des célèbres grands magasins parisiens.
Il rachète ensuite la boutique « Au Petit Paris », elle aussi spécialisée dans la lingerie et les vêtements, pour en faire l’une de ses annexes. Elle est en effet idéalement située : à l’angle de la rue de la République et de la rue Urbain IV, non loin du marché et de la station de tramways, et proche de son principal concurrent, les Magasins Réunis…
De nombreuses cartes postales documentent la vie de la maison principale et de ses annexes. On y découvre ses différents « départements » : les tissus, les trousseaux (lingerie), le tailleur, la confection, le salon de modes (vente de chapeaux)… et même la salle des machines, indispensable pour approvisionner le bâtiment en électricité !
La maison Jorry Prieur ne survit malheureusement pas à la Seconde Guerre Mondiale, mais les bâtiments qu’elle a occupés sont encore visibles dans l’espace troyen – y compris le 107 de la rue Emile Zola, qui, un temps masqué par la façade d’un cinéma, connaît d’importants travaux de réhabilitation dans les années 2000.
Mais que vendait-on, dans ces grands magasins ? Vous le découvrirez dans un prochain article !
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