Depuis toujours, l’amour fait tourner les têtes et chavirer les cœurs ! A l’occasion de la Saint-Valentin, la Médiathèque du Grand Troyes vous invite à célébrer l’amour à travers une sélection de cartes postales issues de ses fonds patrimoniaux.
Au début du siècle dernier, la carte postale connaît un essor considérable. Les progrès de l’alphabétisation comme du système postal, ainsi que son faible coût, en font un support privilégié de communication. Quatrième producteur mondial de cartes postales, la France connaît des records de production entre 1900 et 1920. L’image est désormais reproduite et diffusée à des milliers d’exemplaires, et les éditeurs sont nombreux. Parmi les plus importants, la maison Bergeret à Nancy imprime chaque jour jusqu’à 300 000 vues, qui donnent à voir les villes et leurs monuments, informent des événements importants ou des catastrophes. Parallèlement, la carte postale devient aussi le support qui permet de célébrer les grands moments de la vie.
Messagères d’un genre nouveau, les cartes fantaisie font leur apparition, et avec elles le métier d’artiste photographe. Réalisées en studio, le plus souvent avec des comédiens professionnels et dans des décors bucoliques, ces cartes mettent en scène des couples stéréotypés qui se font le reflet de leur époque et des conventions qui régissent les relations entre hommes et femmes. Au fil des décennies, la gestuelle évolue avec les mœurs : le baiser est d’abord rare, toujours pudique et innocent, puis les mains enlacées s’accompagnent progressivement d’étreintes plus étroites. Les amoureux apparaissent symboliquement séparés par une coupure visuelle à l’époque de la première guerre mondiale, puis le cadrage se resserre sur les visages dans les années 20.
La photographie noir et blanc est la plupart du temps coloriée à la main ou au pochoir, et souvent retouchée par l’imprimeur. Le langage de l’amour y possède ses propres codes. Les couleurs pastels dominent, avec en tête le rose… La présence de fleurs n’est jamais innocente : la rose et ses épines évoquent l’amour et ses subtilités, le lierre symbolise la force du lien…
Parfois réalisées sous forme de séries de 4 à 6 vues qui racontent une histoire, elles sont souvent légendées de courts vers romantiques et naïfs, ou teintées d’humour ou de grivoiserie. Parfois encore, une devinette laisse planer le doute sur l’identité de l’expéditeur…. Devinez qui vous aime ?
Parlez-moi d’amour…
Car la carte postale permet surtout que soient échangés des millions de mots d’amour.
En ce début de siècle, l’exode rural, le développement des transports ou encore la guerre, éloignent les amoureux. Mais ils mettent aussi en relation des personnes de milieux géographiques ou sociaux divers. La carte postale devient le lien qui relie ceux qui s’aiment et qui sont séparés.
A partir de 1904, il devient possible d’ajouter quelques mots au verso, dans l’espace restreint d’un petit rectangle de papier. Aux timides comme aux audacieux, la carte postale permet d’avouer ses sentiments. Entre maladresse et touchante sincérité se déploie alors le jeu de la séduction. On y parle d’attente, d’espoir, parfois de déception, on se fixe rendez-vous. On évoque « l’amitié », ce sentiment durable qui doit lier pour la vie les deux amoureux…
Le timbre possède lui aussi son langage et permet de véhiculer un message supplémentaire. Selon la façon et l’endroit de la carte où il est collé, il dit « je vous aime », « je vous attends », « espérez »…
Caroline Maire
Fonds documentaire local / Médiathèque du Grand Troyes
Bibliographie :
Georges Klochendler, Les plus belles cartes postales d’amour, Paris, Flammarion, 2006
Marie-France Solignac, Amour et amoureux vus par Bergeret, Troyes, Académie Troyenne d’Etudes Cartophiles, 2008
Martin Willougby, La carte postale, une histoire illustrée du tournant du siècle à nos jours, Paris, Booking International, 1993
Agnès Walch, Il y a un siècle… Les amoureux, Rennes, Editions Ouest-France, 2004
Aline Ripert et Claude Frère, La carte postale, son histoire, sa fonction sociale, Paris, Lyon, Editions du CNRS, Presses universitaires de Lyon, 1983
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