Discipline olympique dès les tout premiers Jeux de l’ère moderne en 1896, la gymnastique connaît un engouement important au 19e siècle et devient l’un des premiers sports populaires.
Alors que la pratique d’un sport constitue encore un élégant moyen de divertissement dans les classes privilégiées, la gymnastique émerge quant à elle dans un contexte militaire. Les premières sociétés sportives sont ouvertement dédiées à la préparation militaire, mêlant pour la plupart le tir et l’exercice physique. Editée à Troyes, La Revue nationale, organe indépendant des sociétés françaises de gymnastique et de tir, publie sous la devise « Mens sana in corpore sano » des articles patriotiques et des récits militaires, où se mêlent des annonces pour les différentes fêtes et concours de gymnastique.
Parallèlement, après la défaite de 1870 face à la Prusse, l’Etat encourage la pratique gymnique dans tous les milieux et jusque chez les plus jeunes. Reconnue pour ses vertus éducatives et sanitaires, elle se retrouve au centre d’un mouvement de relèvement national : il s’agit à la fois pallier les mauvaises conditions physiques de la population urbaine et de préparer physiquement la jeunesse au service militaire, ainsi qu’à un futur conflit armé… Les bataillons scolaires sont créés en 1882, l’éducation physique et les exercices militaires deviennent obligatoires pour tous les écoliers.
A Troyes et dans l’agglomération, de nombreuses sociétés voient le jour au tournant du siècle, souvent dans le cadre de patronages laïcs à vocation sociale, qui rassemblent des centaines d’adhérents : La Persévérante de Troyes (1882), Le Réveil de Troyes (1887), L’Alliance troyenne, L’Alerte (1903), L’Avant-garde de Troyes (1904), La Fraternelle Jean Macé, L’Alliance de Sainte-Savine, etc.
L’époque est aux grandes démonstrations publiques, célébrations populaires teintées de patriotisme d’où la compétition est souvent absente.
La 34e Fête fédérale de gymnastique a lieu à Troyes, du 6 au 9 juin 1908. Présidée par le général Picquart, ministre de la Guerre, elle attire près de 30.000 spectateurs et rassemble 185 sociétés, dont 11 venues de l’étranger. Après un défilé dans le centre-ville, les gymnastes se rendent boulevard Victor-Hugo pour une grande démonstration : mouvements d’ensemble à mains libres ou avec armes, pyramides et saut d’obstacles, exercices aux agrès…
De nouvelles manifestations d’ampleur ont lieu en juin 1912. La Fédération des sociétés de tir, de gymnastique et de préparation militaire de l’Aube organise le 2 juin sa première Fête fédérale.
Quelques semaines plus tard, les 23 et 24 juin, la Fédération Gymnique et Sportive des Patronages de France organise à son tour le Grand Concours régional de l’Est, qui réunit 4000 gymnastes à travers 108 sociétés.
Au cours du 20e siècle, dans le sillage de la gymnastique, les Jeux olympiques de l’ère moderne couplés à d’autres grands événements sportifs comme le Tour de France, contribueront à démocratiser la pratique du sport.
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