Lorsqu’il rentre en Espagne en 1528, après la conquête du Mexique, Hernan Cortés rapporte avec lui des produits inconnus en Europe, aujourd’hui devenus des incontournables de notre alimentation. Parmi eux la tomate, le haricot blanc, la pomme de terre, le maïs, le piment, le tabac et le cacao.
Selon la croyance Maya, le cacao est un cadeau divin, amené sur terre par le dieu serpent à plume, Quetzalcóatl. Les Mayas comme les Aztèques lui confèrent une dimension sacrée et des vertus magiques, et l’utilisent lors de cérémonies et de rituels sensés apporter force et énergie.
Le « Xocoalt » est alors consommé froid, dilué dans l’eau, parfumé à la vanille et au piment, mélangé à du miel, et battu énergiquement pour former une mousse épaisse à sa surface.
Traitez nouveaux et curieux du café, du thé et du chocolate. 1688 – c.cart 287
Le Cacaoyer (baptisé Theobroma cacao par les conquistadors espagnols, ce qui signifie « nourriture des dieux ») est un arbuste tropical de 4 à 10 m de haut, de la famille des Malvacées. La plante fleurit toute l’année, mais seule une infime partie de ses fleurs donne des fruits, appelées cabosses. La cabosse renferme des fèves, utilisées comme monnaie par les Mayas, et qui doivent être torréfiées pour la fabrication du cacao.
« Prenez du chocolat afin que les plus méchantes compagnies vous paraissent bonnes. »
Lettres, de Madame de Sévigné. 1671.
Introduite à la cour d’Espagne, et d’abord réservée à une élite, la boisson commence à avoir du succès dès lors que les moines espagnols remplacent le piment par de la cannelle, et ont l’idée de la servir chaude. Si elle est populaire dans ce pays dès le début du 17e siècle, elle est encore considérée en France, comme un produit de luxe. Les Lettres de la marquise de Sévigné témoignent de la fascination exercée par le cacao sur l’aristocratie française, qui accueille ce produit exotique avec un engouement teinté de méfiance.
En effet, répertorié dans les ouvrages de botanique, de médecine ou de cuisine à partir du 17e siècle, le cacao intéresse d’abord par ses propriétés médicinales. « Fort nourrissant et de facile digestion », le cacao « répare promptement les esprits dissipés et les forces épuisées », et est « propre à conserver la santé et à prolonger la vie des vieillards », selon l’Histoire naturelle du cacao et du sucre, qui livre également cette recette de préparation :
Méthode de préparer le chocolat à la maniere des isles françoises de l’Amerique
On ratisse avec un couteau légèrement passé sur les pains de pur cacao, la quantité qu’on en souhaite, on y mêle deux ou trois pincées de cannelle en poudre passée au tamis de soie, et environ deux grandes cuillerées de sucre en poudre. On met ce mélange dans une chocolatière avec un œuf frais entier, on mêle bien le tout avec le moulinet, on le réduit en consistence de miel liquide : sur quoi ensuite on se fait verser la liqueur bouillante (eau ou lait suivant la fantaisie) pendant qu’on fait rouler soi-même le moulinet avec force pour bien incorporer le tout ensemble. Enfin on met la chocolatiere sur le feu, ou au bain Marie dans un chauderon plein d’eau bouillante, et dès que le chocolat monte, en on retire la chocolatiere, et après avoir fortement agité le chocolat avec le moulinet, on le verse à diverses reprises et bien moussé dans les tasses. Pour en relever le goût on peut avant que de le verser y ajouter une cueillerée d’eau de fleur d’oranger, où on a fait dissoudre une goutte ou deux d’essence d’ambre.Histoire naturelle du cacao et du sucre, divisée en deux traitez qui contiennent plusieurs faits nouveaux, et beaucoup d’observations également curieuses et utiles. 1720. DG 8930
A partir du 18e siècle, la culture du cacao se développe et des plantations voient le jour dans les colonies européennes : en Amérique ( Vénézuela, Nicaragua), en Afrique ( Sao Tomé, Ghana, Nigeria, Côte d’Ivoire) et au Sri Lanka. Comme la canne à sucre, le thé ou le café, le cacao devient une culture de plantation et le fruit d’un commerce triangulaire lucratif, basé sur l’esclavage…
L’industrie chocolatière se développe au début du 19e siècle, avec la révolution industrielle. De nouvelles techniques de fabrication et la baisse du coût du sucre contribuent à la démocratisation du chocolat, et à sa large consommation sous différentes formes nouvelles : le premier brevet de chocolat en poudre est déposé en 1828 par Le Hollandais Van Houten, et la tablette de chocolat fait son apparition en 1847.
Devenu un produit de consommation courante, le chocolat fait les beaux jours de la publicité et notamment des images chromos, qui vantent des marques comme La chocolaterie d’Aiguebelle, Guérin-Boutron, Chocolat-Louit, la Compagnie française, Suchard ou Poulain…
NE MANQUE PLUS QUE LA DÉGUSTATION…MERCI POUR LE CHOCOLAT§ 🙂