Des faire-part pas comme les autres : l’exemple des billets de décès

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Par Anne-Charlotte Pivot | Le 29 octobre 2021 | Fonds local | Imprimés

Si le faire-part de naissance ou le faire-part de mariage est une tradition connue de tous, la coutume du faire-part de décès s’est peu à peu effacée dans nos sociétés modernes au profit des rubriques nécrologiques par voie de presse, avant de prendre une forme dématérialisée sur les sites internet consacrés aux avis de décès, oscillant ainsi entre sphère privée et sphère publique.

Mais qu’est-ce qu’un « faire-part de décès » ? Plus communément appelés « billet » ou « placard » de décès sous l’Ancien régime, ces feuillets de papier avaient pour fonction première d’annoncer la mort d’une personne en indiquant le nom de défunt, ses proches parents, son adresse, son lieu et sa date de naissance et de mort, ainsi que le jour, l’heure et l’église où avait lieu l’office pour l’enterrement.

Billet de décès au nom de François de Varenne, prêtre troyen mort le vendredi 22 octobre 1773. Cote : I.T.378 (1)

Traditionnellement, aux 17e et 18e siècles, des crieurs publics arpentaient les rues des villes pour annoncer le décès et préparer la pompe funèbre, pendant que des semonneurs distribuaient des billets de morts aux habitants afin de les convier à l’enterrement du trépassé. La structure de ces faire-part était, à l’origine, très codifiée : en ce qui concerne la forme, les billets étaient imprimés et avaient une forme rectangulaire de taille variable. Ils contenaient, la plupart du temps, une lettrine macabre gravée représentant un « V » et ornée d’un motif mortuaire (squelette, ossements, larme, sablier…). En ce qui concerne le fond, des informations personnelles sur le défunt étaient systématiquement notifiées. Il s’agissait généralement de la « carte d’identité » du mort, incluant parfois sa profession, plus rarement la cause du décès, jamais la représentation du décédé. Ci-dessous, quelques exemples de billets de décès issus de nos collections, attestant de leur structure normée.

L’apparition de la photographie marque toutefois un tournant dans la structure des faire-part de décès, si bien que l’on ne parle plus de « billet de mort » mais d’avis de décès. En effet, si ces deux types de publications contiennent les mêmes informations à première vue, les lettrines mortuaires se voient peu à peu remplacées par des photographies des défunts reproduites sur des papiers cartonnés aujourd’hui connus sous le nom « d’éphémères« , c’est-à-dire des imprimés non destinés à être conservés au moment de leur fabrication, le plus souvent de petit format et en matériau périssable. Quelques avis de décès comportant des portraits de trépassés ont été retrouvés au sein des collections de la Médiathèque Jacques-Chirac.

Pour autant, si la coutume des faire-part de décès « traditionnels » se perpétue dans une moindre mesure jusqu’à la fin du 19e siècle, les avis de décès passent quasi exclusivement par voie de presse à partir de la fin du 18e siècle. L’essor de la presse et plus particulièrement des « Affiches », ces hebdomadaires recensant les actualités nationales, régionales, voire départementales, pérennise l’apparition de rubriques nécrologiques accolées à celles mentionnant des « faits divers ».

Il faut toutefois attendre le début du 19e siècle pour qu’une rubrique nécrologique avec un emplacement fixe apparaisse dans les quotidiens. Bien que de forme différente, elles contiennent les mêmes éléments que les faire-part de décès de l’Ancien régime et perpétuent les mêmes fonctions, que sont la commémoration et la communication privée, à une exception près : la diffusion en masse de l’information.

Dans tous les journaux du 19e et du 20e siècle fleurissent ainsi des pages décès, des rubriques ou des notices nécrologiques qui indiquent le nom des décédés, leur âge, leur commune ou leur ville de naissance, éventuellement la profession et la cause de la mort. Nous avons retrouvé des rubriques de ce type dans nos collections. La plupart d’entre elles sont identifiables sous le nom « d’état civil » et suivent l’annonce des mariages et des naissances.

Lors de la mort de personnes célèbres toutefois, des pages spéciales pouvaient être consacrées au défunt. Les pages nécrologiques imprimées en l’honneur du décès de l’écrivain Victor Hugo figurent parmi les plus illustres. Ci-dessous, l’exemple d’un article du Figaro.

En mai 1885, Victor Hugo fait la Une du journal Le Figaro. Il s’agit en fait d’une rubrique nécrologique consacrée à l’auteur. Source : gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k279308h/f1.image

Veillons toutefois à ne pas confondre les billets de décès et les annonces nécrologiques par voie de presse avec les photographies post-mortem de défunts, pratique très courante à partir de la fin du 19e siècle. Par ailleurs, notons également que le faire-part de décès est une tradition qui existe encore de nos jours, tout comme les rubriques nécrologiques que l’on trouve encore dans les journaux locaux ou sur des sites web en ligne, tels que Libra Memoria ou Avis de décès.

Pour toute information complémentaire, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse suivante :

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2 Commentaires

  1. La mouche masquée

    Ô mouche éphémère qui n’a de vie que l’instant d’un éclair
    Toi qui te délectes de la mort en virevoltant près des cimetières
    Ô toi le diptère, l’infâme charogne qui parasite nos chairs
    Nuisible insecte qui pollinise les excréments de la terre

    Réponse
  2. mendak noble danièle

    cela est inspirant pour notre avenir ! 🙂
    merci!

    Réponse

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