Flambeau, chien de guerre

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Par Jean-Louis Humbert | Le 9 mars 2016 | Billets invités | Iconographie

Comment raconter la guerre aux enfants ? Le sujet a fait l’objet d’une exposition « Enfance 14-18 » en 2014 à la Médiathèque du Grand Troyes, labellisée centenaire 1914/1918. La bande dessinée Flambeau, chien de guerre, de Benjamin Rabier, dont l’édition originale de 1916 fut récemment acquise par la Médiathèque, est un brillant exemple de cette littérature de guerre adressée aux enfants, optimiste et engagée. Objet patrimonial peut-être inattendu, cette B.D. ne nous renvoie-t-elle pas aussi à notre actualité ? Aujourd’hui, c’est Diesel, chienne d’assaut du Raid opérant lors des attentats de Saint-Denis en novembre dernier, qui nous rappelle Flambeau…

 

 

En 1916, Benjamin Rabier (1864-1939), illustrateur pour la jeunesse, dessinateur animalier, affichiste, pionnier du dessin animé, est un auteur reconnu qui publie Flambeau, chien de guerre, bande dessinée à succès.

Elle raconte la participation du chien Flambeau à la guerre. Son jeune maître étant mobilisé, il se fait un devoir de le suivre. Petit et laid, rejeté par l’armée qui refuse de le recruter comme chien de guerre ou comme chien sanitaire, il décide cependant de partir combattre. Il vit au rythme des poilus dans les tranchées et y multiplie les faits épiques, transmettant des messages sur le front, sauvant une patrouille française prisonnière des Allemands, évitant les grenades, détruisant un ballon d’observation ennemi… avant de devenir le héros du régiment.

Elle participe à la culture de guerre. Journaux illustrés pour la jeunesse et bandes dessinées sont alors marqués par un fort esprit patriotique et collaborent à l’effort de guerre, en proposant aux filles et aux garçons des exemples d’engagement et de solidarité ou des actes de bravoure ou de résistance. En personnifiant ce  petit animal, Benjamin Rabier donne une sensibilité nouvelle à ce que peut apporter la propagande au soutien  moral des Français. Flambeau est au front, il porte le casque Adrian des poilus et combat le « Boche » exécré. Il devient vite le héros de toute une génération d’écoliers.

Elle contribue à familiariser les jeunes lecteurs au rôle du chien de guerre (estafette, sentinelle ou porteur de charges), rôle souligné par la presse qui a sensibilisé l’opinion publique. En juin 1916, un long article d’Eugène Thébault dans la Revue de Paris, vante le rôle des chiens et décrit les qualités recherchées dans chaque race pour en faire un excellent animal de combat. Au total, près de 20 000 chiens sont mobilisés et certains, à l’instar de Flambeau, se font remarquer pour leur comportement exceptionnel, tels El Tango, l’un des meilleurs chiens sentinelles, Jacquot, chien de liaison qui reçut la croix de guerre, ou Mémère, promue chevalier de la Légion d’honneur.

Jean-Louis Humbert
Centre de recherche / Musée aubois d’histoire de l’éducation, Troyes

Découvrez :
Benjamin Rabier, Flambeau, chien de guerre, Paris, Tallandier, 1916 (édition originale / exemplaire Médiathèque, cote TT 4° 1978, non empruntable)
Une réédition de Flambeau, chien de guerre, chez Tallandier en 2003, est accessible dans l’espace Jeunesse de votre Médiathèque (cote R.I. RABI)
Le site de l’Association des Amis de Benjamin Rabier : www.benjaminrabier.com
Jean-Christophe Rufin, Le Collier rouge, Paris, Gallimard, 2014

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