Né en 1516 à Zurich, Conrad Gessner est l’archétype de l’humaniste touche-à-tout. Médecin de formation, il étudie les langues (notamment l’hébreu et le grec ancien), mais aussi la botanique et la zoologie. Son intérêt pour cette dernière discipline le conduit à rédiger une somme monumentale consacrée aux animaux : l’Historia animalium, dont le premier volume paraît en 1551.
Très inspiré par les naturalistes de l’Antiquité, Gessner utilise plusieurs grandes catégories : quadrupèdes (divisés en ovipares ou vivipares), oiseaux, animaux aquatiques et, dans un volume publié de manière posthume, serpents. Les animaux sont ensuite classés par ordre alphabétique, sans aucune autre forme de distinction. Aux côtés d’animaux courants en Europe, comme le renard, le castor ou le canard, figurent d’autres créatures plus exotiques…
La démarche de Gessner est avant tout encyclopédique : la description qu’il fait des animaux et de leurs mœurs repose ainsi bien moins sur ses observations personnelles que sur une compilation méticuleuse de tous les savoirs relatifs à chaque espèce. Loin de s’appuyer uniquement sur des savoirs antiques, il utilise des sources récentes, comme l’ouvrage de son contemporain Guillaume Rondelet consacré aux poissons. De même, il fait reproduire, pour illustrer la partie consacrée au rhinocéros, la célèbre gravure de Dürer.
Ce besoin de compilation amène Gessner à mentionner dans son ouvrage des animaux fantastiques, comme la licorne (en latin : monoceros) ; il précise cependant que la représentation de cette dernière, commune chez les artistes, ne repose sur aucune certitude. Critique vis-à-vis des sources antiques sur l’apparence globale de l’animal, il se montre en revanche très précis lorsqu’il s’agit de décrire les spécimens de cornes de licorne (la plupart appartenaient en réalité à des narvals) conservés en Europe ainsi que leurs propriétés médicales, avant de conclure sur une liste des animaux présentant le même type d’appendice.
Gessner reprend également à Guillaume Rondelet son bestiaire de monstres marins, dont les plus curieux sont sans nul doute le moine de mer, pêché en Norvège, et l’évêque marin, qui aurait été présenté au roi de Pologne en 1531. Les animaux d’Amérique, inconnus des auteurs antiques, ne sont pas en reste : Gessner est ainsi le premier naturaliste à décrire le cochon d’inde (mentionné comme un « lapin ou porcelet d’inde »).
Chaque animal est dépeint avec précision : apparence, habitat, mœurs… Très attentif aux questions de vocabulaire, l’auteur est le plus exhaustif possible sur les noms que prennent les animaux dans différentes langues. On y retrouve ainsi, aux côtés du latin, des noms en grec ancien, hébreu, chaldéen, syriaque, arabe, persan, italien, espagnol, portugais, allemand, anglais, polonais, russe et français.
D’ailleurs, saurez-vous reconnaître le nom actuel de ces animaux, à partir de leur dénomination du 16e siècle ? Pour connaître la réponse, surlignez le quizz !
Quels sont les noms actuels de ces animaux ?
A. Le connin : le lapin
B. L’escureau : l’écureuil
C. Le loup-chat : le lynx
D. Le ranglier : le renne
E. Le coulon : le pigeon
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