Le premier journal illustré est publié le 1e mars 1832 en Angleterre. Le Penny Magazine est lancé à l’initiative d’un groupe de parlementaires aux idées avancées, qui milite pour l’instruction des classes populaires. Sa vocation est de diffuser un savoir à caractère encyclopédique.
Au cœur de cette démarche, l’illustration vient compléter le texte dans la diffusion de la connaissance, sur le modèle de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert. Paysages, animaux, portraits, machines, monuments étrangers, peuples du monde : les lecteurs découvrent le vaste monde à travers les gravures de presse.
Le Magasin pittoresque paraît l’année suivante en France, sur le même modèle, bientôt suivi par Le Musée des familles. Dans le contexte des lois Guizot, qui rendent l’école primaire obligatoire, les progrès techniques et le développement du lectorat permettent désormais de vendre ces journaux à moindre coût, et l’édition reliée des numéros d’une année est souvent le premier livre à pénétrer dans certains foyers.
Le renouveau de la gravure
Arrivée en Angleterre à la fin du 18e siècle, la technique du « bois debout » consiste à graver une planche de bois dur au burin, perpendiculairement à la fibre, pour des images d’une très grande finesse qu’il est possible d’imprimer en plusieurs milliers d’exemplaires. Cette technique nouvelle vient supplanter celle de la gravure sur cuivre, et va dominer toute la production d’images au 19e siècle.
La presse française réutilise d’abord des bois anglais, avant de faire appel au graveur anglais Charles Thompson pour former les futurs collaborateurs réguliers des journaux illustrés. Les meilleurs graveurs de leur temps travaillent alors pour la presse, et gravent les dessins d’artistes non moins célèbres tels Gustave Doré, Cham, Honoré Daumier, ou le Troyen Charles Fichot…
A partir des années 1842, l’irruption de l’actualité change la donne : les éditeurs doivent désormais financer les reportages, et la presse illustrée redevient économiquement inaccessible aux classes modestes. Devenus signes de statut social, les journaux illustrés voient la qualité de leur papier, leur pagination et leur format augmenter, offrant aux très belles gravures pleine page (voire déployées sur une double page), un écrin à leur mesure.
Cette fois encore, la presse anglaise initie la formule avec The Illustrated London News. En France, L’Illustration, puis Le Monde illustré, et L’Univers illustré lui emboîtent le pas.
D’abord marginale, l’actualité s’impose à travers deux événements majeurs : la Révolution de 1848, puis le Siège de Paris en 1870-1871, auquel Le Monde illustré consacre semaine après semaine, un saisissant reportage illustré et commenté.
Durablement installée dans le domaine des médias, l’image ne quittera plus la place qu’elle occupe aujourd’hui encore, avec entre autres l’apparition des suppléments illustrés qui accompagnent chaque semaine les quotidiens, y compris dans la presse locale.
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