Dans les collections numérisées, un plan attire notre attention : l’angle de la rue des Filles-Dieu et de la rue de la Paix (à l’arrière de l’actuelle médiathèque), et le dessin de l’emplacement du Puits Sainte-Jule.
Un puits du nom de Sainte Jule, le nom d’une rue toute proche, a occupé ce lieu.
Qui est Sainte Jule ?
Au cours du IIIe siècle, elle naît à Troyes et se convertit au christianisme.
Un dénommé Claude, chef de pillards germains, envahit et saccage Troyes avant de partir accompagné de captifs troyens, parmi lesquels une jeune fille d’une grande beauté prénommée Jule. Claude, sous le charme, lui demande de l’épouser, proposition qu’elle refuse car en tant que chrétienne, elle a choisi d’épouser Jésus-Christ.
Au fil du temps, Claude se convertit. La légende veut que Claude revînt victorieux de la guerre grâce aux prières de Jule. Après trente ans d’exil, elle reçoit un message divin l’invitant à retourner à Troyes et Claude décide de la suivre.
L’empereur Aurélien persécute les chrétiens tricasses, et Jule se fait arrêter. Refusant de conjurer sa foi, on l’attache nue au-dessus de charbons ardents mais ses bourreaux deviennent aveugles. On tente alors, en vain, de l’assommer. L’empereur lui fait finalement trancher la tête, ainsi qu’à Claude et leurs compagnons.
Son histoire orne une verrière installée dans le bas-côté nord du chœur de l’actuelle église Saint-Martin-es-Vignes.
Ils sont inhumés dans un cimetière proche. On y érige une chapelle peu de temps après, dans le quartier Saint-Martin-es-Vignes, à l’époque en dehors des remparts de la ville. Non loin, deux rues portent son nom, une chapelle lui est consacrée dans l’ancienne église Saint-Martin (comme dans la nouvelle) et un puits, censé se trouver sur le lieu de son supplice, est aménagé.
En 1637, M. Desguerrois le décrit ainsi : « le puits est couvert d’une arcade en pierre en forme d’une chapelle, au frontispice y est l’image de la saincte… »
L’édifice, reconstruit en 1671 et démoli en 1832, protégeait une chaîne et un seau voués à remonter l’eau utilisée par les malades contre la fièvre. D’après M. Desguerrois : c’était « une merveille expérimentée ordinairement que ceux qui ont des fièvres, s’allent à sa chapelle recommander à Dieu par les mérites de sainte Jule, y font leurs prières de grande ferveur d’esprit et avec un saint mouvement de foy et dévotion beuvent l’eau de ce puits d’où ils trouvent soulagement et guérison ».
En 1111, leurs reliques sont transportées à l’abbaye Notre-Dame de Jouarre, dans le diocèse de Meaux. Une châsse monumentale est réalisée pour protéger son corps.
La légende de Sainte Jule est retranscrite dans plusieurs manuscrits, dont le plus ancien (VIIIe-IXe siècle) est conservé à Montpellier : Vitae Sanctorum, Passio sanctae Juliae , Ms H55, f° 101 et 102, BU historique de Médecine.
La médiathèque Jacques-Chirac possède une version un peu plus tardive (XIIIe – XIVe siècle) et abrégée.
Son histoire est éditée à Troyes et vendue par les colporteurs. Certains livrets présentent même les services religieux de l’église Saint-Martin-es-Vignes.
Pour illustrer ces livres, les éditeurs avaient recours à des bois gravés, dont un illustre le martyre de Sainte Jule. Louis Morin rapporte dans Les monuments du culte de Sainte Jule que : « à l’exposition des Beaux-arts qui fut organisé à Troyes en 1860, M. Varlot, antiquaire, présentait entre autres une gravure sur bois « du XVIIIe siècle », de très bonne facture, comme étant le Martyre de Sainte Jule ». Il est attribué à Sainte Barbe dans notre catalogue, mais le même bois gravé a pu être utilisé pour différentes saintes.
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