Les 7 secrets de Martine pour faire durer les bas

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Par Etienne Naddeo | Le 13 septembre 2016 | Fonds local

Les bas sont entrés dans la garde-robe occidentale à l’époque du Haut Moyen Age. Véritable industrie troyenne, le tissage des bas se développa en Champagne à partir du XVIIIe siècle et connut son apogée au début du XXe siècle. La Médiathèque du Grand Troyes conserve aujourd’hui des témoignages de cette époque, bientôt mis en lumière dans une nouvelle exposition, « Mémoires de l’Industrie en Champagne-Ardenne », du 17 septembre au 19 novembre 2016.

Au Moyen Age, les fabricants de bas prenaient des noms divers, mais c’est en 1467 qu’ils furent pour la première fois désignés sous le nom de « bonnetiers » dans une ordonnance de Louis XI. Les bas étaient également tricotés par les femmes de paysans, qui vendaient leurs réalisations pour arrondir les revenus du ménage ou en vêtaient leurs maris et leurs enfants, n’ayant pas les moyens d’en acheter chez les bonnetiers.

Après son invention au XVIe siècle en Angleterre, le métier mécanique à fabriquer les bas se répandit en France au siècle suivant, sous l’impulsion de Colbert. Peu à peu, la bonneterie se diffusa dans toute la France, mais la production de bas ne fut autorisée dans toutes les villes du royaume qu’en 1754.

On sait cependant que des métiers à tisser avaient déjà été introduits en Champagne autour de 1700. Troyes n’a pas attendu l’autorisation pour voir s’installer les premiers bonnetiers : en 1746, la fabrique de La Trinité fut fondée dans l’hôpital du même nom. Première du genre à Troyes, elle devait à l’origine servir d’œuvre de charité pour donner du travail aux orphelins hébergés à l’hôpital.

Tandis que Paris restait la ville la plus productive, Lyon se distinguait par la finesse de ses bas de soie. Troyes et Arcis-sur-Aube se spécialisèrent de leur côté dans la production de bas en coton qui se diffusa à partir des années 1750 à travers toute la Basse-Champagne.

Le progrès technique au cours du XVIIIe siècle permit ensuite de diversifier de plus en plus les bas : au début du XIXe siècle, on en trouve ainsi de toutes les matières (soie, coton, fil extrafin) et de toutes les couleurs. Différents bas étaient également portés en fonction des moments de la journée ou des circonstances : bas du quotidien, bas brodés pour le soir, luxueux pour les cérémonies ou les mariages, sobres pour le deuil et le demi-deuil.

L’apparition du pantalon pour les hommes, à la fin du XVIIIe siècle, entraîna peu à peu la disparition des bas masculins au cours du XIXe siècle. Cette évolution vestimentaire fut cependant compensée par la diversification toujours plus grande du marché du bas féminin.

En 1834, Joseph-Auguste Delarothière, fabriquant de bas troyen, déposa un brevet qui permettait de ne plus coudre les bas pour qu’ils tiennent. La production s’accéléra ainsi considérablement et plus encore dans la seconde moitié du siècle avec l’utilisation de la vapeur puis de l’électricité pour faire tourner les métiers à tisser. Une véritable ère industrielle s’ouvre alors pour les bonnetiers de Champagne.

Les fabriques devinrent alors usines et de grands établissements apparurent. Ces entreprises ont recouru de plus en plus à la publicité. Les 7 secrets de Martine pour faire durer les bas constitue un de ces petits livrets de « réclame ». En partageant des trucs et astuces donnés par la figure de Martine, sorte de ménagère idéale, les fabricants Doué et Lamotte en profitent pour présenter toute leur gamme de bas. Ce petit fascicule entre par ailleurs dans les conseils de bonne tenue du ménage donnés régulièrement au XIXe siècle par les élites sociales, et notamment par le patronat, d’une manière souvent paternaliste.

Ce document ainsi que l’histoire de la bonneterie troyenne vous sera présenté, avec d’autres aventures industrielles de la région, lors de l’exposition « Mémoires de l’Industrie en Champagne-Ardenne », du 17 septembre au 19 novembre 2016 à la Médiathèque du Grand Troyes.

 

En partenariat avec la Région Alsace Lorraine Champagne-Ardenne, l’Association pour le Patrimoine Industriel de Champagne-Ardenne, Interbibly et le Ministère de la culture et de la communication

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4 Commentaires

  1. demessemacker martine

    comme toujours très intéressant ! de plus je me sens là tout particulièrement concernée…. bien cordialement !

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    • Etienne Naddeo

      Merci beaucoup de vos commentaires ! A bientôt pour d’autres articles qui, nous l’espérons, plairont à la fidèle lectrice que vous êtes !

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  2. mendak- noble danièle

    Il semble important de ne pas oublier la bonneterie qui fut produite dans le pays d’Othe et évidemment à Romilly! Vendredi 16 septembre sera d’ailleurs évoquée l’histoire des Dupré (industriels en bonneterie) lors de la séance de la Société académique. Rappelons que Romilly fut le 2ème centre d’activité de la bonneterie dans l’Aube . C’est Louis Théodore Corpelet qui créa le premier atelier de fabrication de bas au début du 18ème siècle à Romilly, son arrière petite- fille épousa un Dupré qui perpétua cette affaire et la fit prospérer….. (suite dans la communication présentée!). Ces deux centres d’activité souffrent parfois de la notoriété de Troyes….!

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    • Etienne Naddeo

      Précision importante, merci de l’apporter ! Il est normal que notre blog soit centré sur Troyes dont nous sommes la Médiathèque, mais il ne faut pas non plus oublier les autres centres de production voisins, très actifs eux aussi au XIXe siècle. N’hésitez pas à nous écrire pour toute idée de billet sur le patrimoine ou l’histoire de Troyes en cliquant sur « Contact », dans la colonne de droite de la page d’accueil du blog. Notre blog vous est ouvert !

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