Le livre de choeur de la confrérie des maîtres tondeurs (ms 3889) témoigne d’un usage collectif de la musique. La « confrérie » peut être vue comme l’ancêtre d’une association : ici, c’est le regroupement de personnes d’un même métier (la « tonte » des draps de laine, préparation pour les rendre aptes à la commercialisation) dans une société d’entraide, qui comporte des offices religieux. C’est dans ce contexte qu’intervient ce livre de chant, offert à la communauté par l’un de ses membres, Claude Moreau.
Malgré une datation relativement tardive (1627), ce manuscrit utilise une notation musicale qui peut paraître archaïque : la notation en neumes. Répartie sur quatre lignes (au lieu des cinq lignes des portées actuelles), ce type de notation est adaptée au plain-chant utilisé pendant une messe. En effet, elle se concentre principalement sur la ligne mélodique, sans utiliser le système actuel de rythme et de mesures.
Le manuscrit s’inscrit dans la tradition en réutilisant les codes du manuscrit médiéval : dans l’écriture, mais aussi dans l’utilisation des couleurs bleue et rouge et dans le soin apporté aux lettrines, ornées de fleurs ou de motifs grotesques. Cependant, la régularité des lettres révèle que, contrairement aux miniatures, elles ont été réalisées au pochoir : ce n’est pas anormal dans un contexte où le savoir-faire de l’enluminure appartient déjà au passé.
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