Verveine-menthe ou camomille ? Les plantes tisanières en images

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Par Emmanuelle Minault-Richomme | Le 3 octobre 2018 | Iconographie | Imprimés

Le mot « tisane » apparaît pour la première fois en français dans le Ménagier de Paris, livre manuscrit d’économie domestique écrit au XIVe siècle; ce texte est attribué à un bourgeois parisien, qui le rédige à l’intention de sa jeune épouse, afin de l’instruire de la façon de tenir sa maison et de faire la cuisine.

Considérée comme le plus vieux remède de santé, la tisane est assurément bien connue depuis l’Antiquité, où les Egyptiens, les Grecs, puis les Romains utilisent les plantes pour soigner, sous forme d’infusions ou de cataplasmes. Dans le Moyen Âge occidental, les préparations se font plus sophistiquées et deviennent la principale source d’apport pharmaceutique. On crée alors des jardins de plantes médicinales, appelées « simples », très souvent cultivées par le clergé ; en effet, la médecine médiévale s’inspire de la Bible, qui préconise dans le livre de la Sagesse de connaître les vertus des plantes.

Apparus au 15e siècle, de nombreux livres de botanique, flores ou herbiers ont inventorié, décrit, classé et étudié les plantes médicinales d’ici et d’ailleurs. La médiathèque de Troyes Champagne métropole en conserve dans ses collections nombre d’exemplaires intéressants, souvent richement illustrés, manuscrits ou imprimés.

Parmi les ouvrages exposés, il est tout particulièrement intéressant d’observer l’Histoire des plantes (Historia stirpium) du médecin allemand Leonhart Fuchs (1501-1566), qui décrit plus de 400 espèces de son pays utiles à la pharmacopée, mais aussi un millier d’espèces étrangères ; c’est ainsi que l’on y trouve le premier dessin du maïs, introduit à la fin du 15e siècle par Christophe Colomb. L’exemplaire conservé à la médiathèque de Troyes Champagne métropole est remarquable à plus d’un titre : il présente en effet, outre les illustrations gravées sur bois en pleine page, de très nombreuses annotations manuscrites, témoins de l’usage intensif de cet ouvrage de référence ; par ailleurs, comme on le voit pour l’anis, le possesseur du volume a découpé et rapporté des images supplémentaires pour se fabriquer un instrument de recherche sur mesure !

Anis. [Q.3.532]. Photo Médiathèque de Troyes Champagne Métropole

C’est pour un autre usage que le pharmacien français, Pierre Pomet (1658-1699), voyage en Europe, avant d’ouvrir à Paris, rue des Lombards, un magasin de drogues, ancêtre de la pharmacie. Il publie ainsi régulièrement le catalogue de ses produits, qu’il propose dans le cadre de son commerce. Son Traité général des drogues simples et composées, qui connaît deux éditions in-folio à Paris, en 1694 et en 1695, propose la description des différents produits – d’origine végétale, animale ou minérale – en vente dans l’échoppe parisienne ; il y indique comment ils doivent être préparés à des fins thérapeutiques, mais aussi en cuisine, parfumerie, teinturerie, etc.

Remarquable également le travail du botaniste et artiste Jean-Henri Jaume Saint-Hilaire (1772-1845), qui fait paraître à partir de 1808 les dix volumes des Plantes de la France décrites et peintes d’après nature ; l’édition regroupe un millier de gravures en couleurs à l’eau forte, d’après les dessins de l’auteur. Illustrant tout à la fois le talent de l’artiste et la précision du botaniste, la camomille et le fenouil s’épanouissent majestueusement sur la planche.

Admirons enfin cette branche de tilleul en fleur, dessin aquarellé de Jacques Rondot (1730-1808) qui réunit en un recueil 400 fleurs dessinées et coloriées d’après nature ; une véritable œuvre d’art ! Né à Troyes, Jacques Rondot fut maître-orfèvre du roi, graveur-essayeur à la monnaie et professeur honoraire à l’école royale de dessin de cette même ville. Chaque planche de botanique est suivie d’une description sommaire de la plante, d’après les travaux du botaniste allemand Christoph Jakob Trew (1695-1769) ; y sont indiqués notamment les vertus et les usages de chaque plante représentée.

La présente exposition, présentée jusqu’au 13 octobre, est une invitation à (re)découvrir les plantes tisanières en images.

Exposition « Verveine-menthe ou camomille ? Les plantes tisanières en images »
Du 15 septembre au 13 octobre
Médiathèque de Troyes Champagne Métropole
Boulevard Gambetta – Troyes
Entrée libre

 

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