De deux choses lune : la Lune entre réalités et fantasmes

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Par Anne-Charlotte Pivot | Le 18 février 2022 | Collections patrimoniales

Etes-vous bien luné ? Dans la lune ? Lunatique ? Autant d’expressions que nous connaissons tous et qui mettent à l’honneur l’astre de la nuit. Intimement liée aux étoiles, à la grande Sorgue et au monde de l’au-delà, la lune a longtemps été un objet de fantasme, tantôt reliée à l’ésotérisme, tantôt associée à l’être féminin, avant de devenir un élément d’étude scientifique pour les astronomes et les astronautes à partir du 18e siècle.

Pierre le Mangeur (Petrus Comestor), Création du soleil et de la lune, 14e siècle.

Source : Bible historiale (ms 59)

D’abord vénéré à l’Antiquité, l’astre lunaire est ensuite décrié à partir du Moyen âge. Sujet de croyances populaires. La lune aurait une action sur l’humeur des femmes. Cette influence trouverait son origine dans la synchronisation des phases de la lune avec le cycle féminin. Si l’on sait aujourd’hui que cette croyance est fausse, la littérature de l’Ancien Régime regorge de textes accusant la lune d’être la cause de l’inconstance des femmes :

Paradoxalement, dans les collections de la Médiathèque Jacques-Chirac, on trouve assez peu de textes sur l’influence de la lune sur les femmes, et encore moins sur le versant ésotérique. Nous conservons en revanche de nombreux textes scientifiques tentant de décrire l’astre lunaire, ses mouvements et son lien avec d’autres corps astronomiques, ainsi que des bois gravés datant environ du 15e-16e qui mettent en lumière une vision fantasmée de la lune, par méconnaissance de celle-ci, faute d’observations fiables :

En ce qui concerne la production scientifique, on peut constater l’évolution des connaissances astronomiques à travers l’exploration de deux ouvrages édités à un siècle d’écart. Au 18e siècle, Cassini effectue des relevés des mouvements de la lune afin de déterminer où elle se trouve exactement au fil des jours et des mois, mais aucune représentation réaliste de la lune n’est associée à la publication. Au milieu du 19e siècle en revanche, Guillemin Amédée illustre son livre avec des représentations réalistes de la lune et des explications scientifiques vérifiées :

Toutefois, malgré l’évolution de la connaissance scientifique, la lune demeure un objet de fantasme pour les artistes. Le maître de l’estampe de la période Edo, Utagawa Hiroshige fait de la lune un objet de contemplation totalement intégré à la nuit et à la vie quotidienne dans son œuvre Saruwaka-machi yoru no kei. On trouve également de nombreux détournements de l’astre lunaire dans les affiches artistiques de la fin du 19e, ainsi que dans l’art pictural début 20e avec Clair de lune d’Alphonse Mucha qui unie de nouveau la lune et la Femme.

Pour approfondir ce sujet côté littérature, n’hésitez pas à écouter l’émission France Culture Objectif Lune, avec Cyrano de Bergerac et Jules Verne du 14-11-2016 (https://www.franceculture.fr/sciences/objectif-super-lune-avec-cyrano-de-bergerac-et-jules-verne). En ce qui concerne la conquête spatiale, ce sujet a déjà été très documenté et a fait l’objet de nombreuses expositions en 2019, à l’occasion des 50 ans de l’arrivée de l’Homme sur la lune.

Une dernière anecdote après ce long voyage cosmique : pleins feux sur la bibliothèque lunaire qui abrite 30 millions de pages d’archives (https://actualitte.com/article/14575/archives/une-bibliotheque-de-30-millions-de-pages-d-archives-envoyee-sur-la-lune).

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1 Commentaire

  1. mendak noble danièle

    Ballade à la lune
    C’était, dans la nuit brune,
    Sur le clocher jauni,
    La lune
    Comme un point sur un i.

    Lune, quel esprit sombre
    Promène au bout d’un fil,
    Dans l’ombre,
    Ta face et ton profil ?

    Es-tu l’oeil du ciel borgne ?
    Quel chérubin cafard
    Nous lorgne
    Sous ton masque blafard ?

    N’es-tu rien qu’une boule,
    Qu’un grand faucheux bien gras
    Qui roule
    Sans pattes et sans bras ?

    Es-tu, je t’en soupçonne,
    Le vieux cadran de fer
    Qui sonne
    L’heure aux damnés d’enfer ?

    Sur ton front qui voyage.
    Ce soir ont-ils compté
    Quel âge
    A leur éternité ?

    Est-ce un ver qui te ronge
    Quand ton disque noirci
    S’allonge
    En croissant rétréci ?

    Qui t’avait éborgnée,
    L’autre nuit ? T’étais-tu
    Cognée
    A quelque arbre pointu ?

    Car tu vins, pâle et morne
    Coller sur mes carreaux
    Ta corne
    À travers les barreaux.

    Va, lune moribonde,
    Le beau corps de Phébé
    La blonde
    Dans la mer est tombé.

    Tu n’en es que la face
    Et déjà, tout ridé,
    S’efface
    Ton front dépossédé.

    Rends-nous la chasseresse,
    Blanche, au sein virginal,
    Qui presse
    Quelque cerf matinal !

    Oh ! sous le vert platane
    Sous les frais coudriers,
    Diane,
    Et ses grands lévriers !

    Le chevreau noir qui doute,
    Pendu sur un rocher,
    L’écoute,
    L’écoute s’approcher.

    Et, suivant leurs curées,
    Par les vaux, par les blés,
    Les prées,
    Ses chiens s’en sont allés.

    Oh ! le soir, dans la brise,
    Phoebé, soeur d’Apollo,
    Surprise
    A l’ombre, un pied dans l’eau !

    Phoebé qui, la nuit close,
    Aux lèvres d’un berger
    Se pose,
    Comme un oiseau léger.

    Lune, en notre mémoire,
    De tes belles amours
    L’histoire
    T’embellira toujours.

    Et toujours rajeunie,
    Tu seras du passant
    Bénie,
    Pleine lune ou croissant.

    T’aimera le vieux pâtre,
    Seul, tandis qu’à ton front
    D’albâtre
    Ses dogues aboieront.

    T’aimera le pilote
    Dans son grand bâtiment,
    Qui flotte,
    Sous le clair firmament !

    Et la fillette preste
    Qui passe le buisson,
    Pied leste,
    En chantant sa chanson.

    Comme un ours à la chaîne,
    Toujours sous tes yeux bleus
    Se traîne
    L’océan montueux.

    Et qu’il vente ou qu’il neige
    Moi-même, chaque soir,
    Que fais-je,
    Venant ici m’asseoir ?

    Je viens voir à la brune,
    Sur le clocher jauni,
    La lune
    Comme un point sur un i.

    Peut-être quand déchante
    Quelque pauvre mari,
    Méchante,
    De loin tu lui souris.

    Dans sa douleur amère,
    Quand au gendre béni
    La mère
    Livre la clef du nid,

    Le pied dans sa pantoufle,
    Voilà l’époux tout prêt
    Qui souffle
    Le bougeoir indiscret.

    Au pudique hyménée
    La vierge qui se croit
    Menée,
    Grelotte en son lit froid,

    Mais monsieur tout en flamme
    Commence à rudoyer
    Madame,
    Qui commence à crier.

     » Ouf ! dit-il, je travaille,
    Ma bonne, et ne fais rien
    Qui vaille;
    Tu ne te tiens pas bien.  »

    Et vite il se dépêche.
    Mais quel démon caché
    L’empêche
    De commettre un péché ?

     » Ah ! dit-il, prenons garde.
    Quel témoin curieux
    Regarde
    Avec ces deux grands yeux ?  »

    Et c’est, dans la nuit brune,
    Sur son clocher jauni,
    La lune
    Comme un point sur un i. A. de Musset

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