De l’arabe et de l’hébreu à la bibliothèque : le cas des Bibles polyglottes

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Par Emeline Pipelier | Le 28 novembre 2022 | Collections patrimoniales | Imprimés

On pourrait penser que les collections de la médiathèque Jacques-Chirac, issue d’abbayes et d’établissements religieux aubois, comporteraient uniquement des livres en latin. Il n’en est rien ! Les langues du Proche-Orient ont tout à fait leur place dans la Grande Salle, et sont même présentes dans les tous premiers livres catalogués : les bibles !

La médiathèque conserve trois bibles « polyglottes », dont le texte est traduit en plusieurs langues. La plus ancienne est la Bible dite « de François Vatable ». Ce dernier, professeur d’hébreu au Collège de France nouvellement créé par François Ier, s’inscrit dans le mouvement humaniste, centré sur un retour aux textes anciens. Il ne publie rien de son vivant mais laisse derrière lui de nombreuses notes consacrées, entre autres, à l’Ancien Testament. L’exemplaire de la médiathèque date de 1586 et nous provient de la famille Bouhier : elle présente le texte de la Vulgate en latin, grec ancien et hébreu.

Au siècle suivant, la Bible de Guy-Michel Le Jay (1645) en dix volumes rassemble pas moins de six langues : à côté de l’hébreu, du grec et du latin, on retrouve une version en arabe, en samaritain, chaldéen et syriaque. Ces 3 dernières langues appartiennent au groupe des langues judéo-araméennes, les langues « courantes » des Juifs en Orient, par opposition à l’hébreu, langue savante et liturgique. L’éditeur de cette Bible, Guy-Michel le Jay, était avocat de profession mais absolument passionné par les langues anciennes : il finança presque intégralement les 17 ans de travaux nécessaires à la réalisation de l’ouvrage.

Dernière grande Bible polyglotte, la Bible de Brian Walton, ou Bible polyglotte de Londres (1654), complète la précédente en y ajoutant notamment une version de la Bible en persan (langue aujourd’hui parlée en Iran et en Irak). Cet ouvrage est le premier cas de vente par souscription de l’édition anglaise. Tout comme pour les financements participatifs actuels, les acheteurs finançaient à l’avance la future réalisation du livre, moyennant 50 £ le volume.

Comme tout ouvrage multilingue, les Bibles polyglottes représentent un véritable défi en terme de mise en page : comment faire cohabiter le même texte, dans plusieurs langues, en y ajoutant même parfois des commentaires et des bois gravés ? Les imprimeurs adoptent une astucieuse organisation en colonnes et en blocs inspirée des manuscrits médiévaux… et préfigurant la mise en page des sites internet !

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