L’Histoire par l’image

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Par Caroline Maire | Le 25 avril 2025 | Iconographie

Nos ancêtres les Gaulois, Vercingétorix vaincu à Alésia, la Pucelle d’Orléans, Marignan 1515… L’histoire de France est jalonnée d’événements gravés dans nos mémoires depuis l’école, souvent indissociables de leur représentations dans nos manuels. En écho à la conférence « Illustrer l’Histoire de France » proposée par Thierry Claerr, commissaire de l’exposition du même nom aux Archives nationales, nous vous proposons un aperçu de l’imagerie conservée dans nos collections.

A partir de 1882, le développement de l’instruction primaire obligatoire voit la mise en place des premiers programmes scolaires. De nombreuses maisons d’édition se partagent le marché des manuels d’histoire, souvent désignés du nom de leur auteur, et qui connaissent au fil de l’évolution des programmes quantité de rééditions. On parle ainsi du « Blanchet », du « Lavisse » ou encore du « Besseige et Lyonnet ».

Depuis 1880, le choix des manuels est confié aux enseignants. Un choix moins innocent qu’il n’y paraît, leur contenu étant souvent accusé d’être orienté, voire instrumentalisé, à des fins politiques ou morales. Deux « guerres des manuels » éclatent ainsi en 1882 et en 1908, entre les tenants de la morale catholique et les partisans de la laïcité. Car s’il s’agit bien d’éduquer de futurs citoyens, l’enjeu pour l’Etat est aussi de consolider l’idéal républicain face aux tentations monarchistes ou confessionnelles.

D’abord marginale, l’iconographie devient plus abondante à partir de 1914, jusqu’à faire du manuel scolaire une suite d’images commentées. L’évolution des pratiques pédagogiques lui fait la part belle. Les travaux de Jean Piaget sur les processus de développement de l’intelligence montrent au même moment la nécessité, pour appréhender le passé, de posséder des capacités d’imagination et d’abstraction. Or, ces capacités sont encore en construction chez les élèves de primaire. Enseigner l’histoire par l’image permet alors de fixer dans les esprits les événements considérés comme fondateurs. Dans leur préface, Besseige et Lyonnet placent d’ailleurs l’image avant le texte, conseillant en premier lieu à leurs petits lecteurs : « Vous regarderez attentivement les beaux dessins que vos maîtres vous expliqueront ».

Petite histoire de France. Cours élémentaire. Classe de 9e des lycées et collèges. Pierre Besseige et A.Lyonnet. Librairie Istra. Non coté

Mais l’iconographie est aussi un moyen de véhiculer une certaine vision de l’Histoire, teintée de valeurs morales sous-jacentes, et de contribuer à forger un récit national.

Dans les manuels conservés à la médiathèque (datés de 1876 à la fin des années 1940), les images décrivent ainsi une histoire empreinte d’héroïsme, focalisée sur les grands hommes, où sont mis en avant le patriotisme et la grandeur d’âme. La rhétorique guerrière s’efface cependant après le conflit de 14-18, et « l’Histoire-bataille » laisse progressivement place à l’histoire des civilisations et des modes de vie.

A côté des manuels scolaires, d’autres supports viennent compléter les outils pédagogiques utilisés en classe.

Les images chromolithographiques, que sponsorisent de grandes marques publicitaires, se veulent souvent éducatives et reprennent à leur compte une iconographie semblable à celle des manuels. Les vignettes consacrées à l’histoire se déclinent la plupart du temps sous forme de séries à collectionner : scènes de batailles, costumes militaires, rois de France et hommes célèbres (parfois représentés sous des traits enfantins…).

Enfin, l’histoire étant avant tout un récit, un pan de la littérature de jeunesse prend pour modèles les héros du passé et contribue à les enraciner dans l’imaginaire des plus jeunes. Des livres de prix offerts aux plus méritants, aux collections jeunesse qui se développent après 1945, on y retrouve sous forme de biographies ou d’histoires romancées, les grandes figures historiques découvertes en classe.

L’étude de l’imagerie scolaire est intéressante à plus d’un titre. Elle en dit souvent tout aussi long sur son époque que sur l’Histoire elle-même. Sur le plan esthétique, elle suit l’évolution des représentations et celle des techniques d’illustration, et révèle parfois de magnifiques images conçues par des illustrateurs trop souvent anonymes.

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