Petit bijou de noirceur, Le Corbeau d’Edgar Allan Poe est un des textes fondateurs de la littérature gothique.

Dans ce très beau poème narratif à la grande musicalité, rythmée par une métrique qui joue sur les allitérations et les répétitions, Poe narre l’expérience hallucinée d’un homme en proie au chagrin causé par la mort de sa bien-aimée, et qui sombre dans la folie sous l’emprise d’un mystérieux corbeau.

Grande figure du romantisme américain, aujourd’hui encore considéré comme un maître du fantastique, Poe publie Le Corbeau en 1845 dans le New York Evening Mirror.

Le succès est immédiat aux Etats-Unis, mais il faut attendre l’année 1853 et la traduction de Charles Baudelaire, pour que Le Corbeau soit diffusé et reconnu en France.

La médiathèque en possède une très rare édition bilingue, datée de 1875 et conservée dans le fonds Des Guerrois. Elle est le fruit d’une collaboration entre Stéphane Mallarmé qui, huit ans après Baudelaire, propose une seconde traduction du poème, et Edouard Manet, qui à travers cinq illustrations pleine page au lavis à l’encre, dépeint l’atmosphère de désespoir et de terreur qui parcourt tout le texte. L’exemplaire est par ailleurs numéroté et signé du traducteur et de l’illustrateur.

Le texte scelle la réputation ténébreuse du poète, et combine tous les ingrédients du Romantisme noir : l’obscurité et le froid, la perte de l’être cher, le désespoir et la folie… Il inspire de nombreux artistes et reste aujourd’hui encore une référence, revendiquée notamment par Serge Gainsbourg qui s’inspira des premiers vers pour débuter sa chanson Initials B.B.: « Une nuit que j’étais à me morfondre… »

Pour aller plus loin :

Lou Reed récite ce poème dans son album The Raven (à écouter ou emprunter à la Médiathèque Centre, sous la cote Musique 2 REE), et Christopher Lee en donne une saisissante lecture.

A savourer sans modération…