C’était il y a 49 ans : le Grand Magic Circus à Troyes

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Par Emeline Pipelier | Le 19 novembre 2022 | Histoire locale

Dans les années 70, l’Office Municipal des Sports et de la Jeunesse crée les « Expo-Jeunesse » : pour trois jours, plus d’une centaine d’associations s’installent au Parc des Expositions de Troyes  et y propose des stands et des activités. L’édition de 1973 est très attendue : en effet, un spectacle du Grand Magic Circus y est programmée, pour les 10 et 11 février.

Le Grand Magic Circus ? Une troupe fondée par, entre autres, Jérôme Savary, proposant des spectacles à mi-chemin entre théâtre, opérette et, bien entendu, cirque. Après s’être appelée un temps « Le Grand Panic Circus », la formation se renomme « Le Grand Magic Circus et ses animaux tristes » et obtient un succès mondial en 1971 avec Les Chroniques coloniales de Zartan, le frère mal aimé de Tarzan,  un « opéra tropical » dont un critique dira :

Il n’y a là rien de particulièrement agressif, malgré les irrévérences d’usage (dont il ne faut pas se formaliser si on met les pieds à ce genre de spectacle). Pour corser le produit et le rendre plus avant-gardiste et plus rentable à peu de frais, on nous montre, dans le goût du jour, plusieurs poitrines féminines dénudées et, on ne sait pas bien pour quelle raison « scénique », une fille entièrement dévêtue est promenée sur les épaules d’un partenaire du fond de la salle jusqu’à la scène. Il paraît que cela ne trouble plus les jeunes gens, moins torturés qu’en son temps, pour beaucoup moins, le jeune Mauriac. Mais il faut avouer que présenté ainsi, le corps féminin privé d’un minimum de mystère l’est aussi d’attrait, assez tristement.

Le Phare, Bruxelles, 1971 (disponible sur le site Archives du théâtre 140 piloté par l’université d’Anvers)

Le spectacle présenté pour l’Expo-jeunesse de 1973 est la nouvelle création du Grand Magic Circus : Les Derniers jours de solitudes de Robinson Crusoé, un « opéra romantique en 32 tableaux […] sur des textes inoubliables de Shakespeare et du Magic Circus, des chansons de Topor et des grands maîtres de l’Opéra de tous les temps, deux heures de rire et d’angoisse », déjà présenté avec succès au Théâtre de la cité universitaire. C’est un triomphe : plus de 2000 spectateurs et une presse locale unanime.

Malheureusement, la riposte ne se fait pas attendre. En mai 1973, Jacques Schweitzer (1924-2021), maire-adjoint de Troyes et, en tant que créateur de l’Office municipal des Sports et de la Jeunesse, principal initiateur de la venue du Grand Magic Circus, reçoit la pétition suivante….

Après le spectacle de Magic-Circus, celui du film  Le dernier tango à Paris, qui a tenu l’affiche six semaines, on parle d’un autre film plus scandaleux encore, qui doit être projeté dans les salles de Troyes. Les habitants de Troyes  » adultes et jeunes  » sont-ils plus amoraux que ceux des villes de Tours et de Rouen dont les municipalités rejettent ce qui risque de détériorer le climat moral de leurs villes ; nous nous demandons jusqu’où va aller cette dégradation et vous serions très reconnaissants à vous qui êtes le principal responsable de la jeunesse troyenne de nous dire quels sont les moyens que vous envisagez pour arrêter cette  » hémorragie d’immoralité ». Pour nous faire entendre faudra t-il descendre dans la rue avec des banderoles ?… Veuillez agréer, Monsieur le Maire, nos sentiments distingués.

La suite de l’histoire ? Vous pouvez la lire sur le blog de Jacques Schweitzer, qui a légué ses travaux historiques et ses témoignages à la ville de Troyes.

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