Troyes est riche d’un Patrimoine souvent méconnu. Parmi ces histoires oubliées, celle des maîtres cartiers est atypique et reste mystérieuse. Presque devenue invisible aujourd’hui, elle a tout de même laissé des témoignages exceptionnels dans les collections de la Médiathèque de Troyes Champagne Métropole. Plongée dans les vies et l’artisanat de ces fabricants de jeux de cartes renommés à leur époque.
En ouvrant le manuscrit 2701 conservé à la Médiathèque de Troyes Champagne Métropole, on découvre des feuillets plutôt insolites.
Une succession de dessins et d’esquisses de cartes à jouer plus ou moins anciennes, rassemblés en un seul volume par Alexis Socard, un érudit, à la fin du 19e siècle.
Tracées à la main, ces figures sont les ancêtres des cartes d’aujourd’hui : elles tiennent leur origine de la fin du Moyen Age, lorsque les jeux de cartes se diffusent à grande vitesse à travers toute l’Europe occidentale et sont encore fabriqués par des ateliers d’enlumineurs qui travaillent aussi sur les décors de manuscrits. Les historiens savent désormais que le jeu de cartes est présent en Chine et dans le monde arabo-musulman bien avant d’arriver en Europe et que des marchands italiens et espagnols auraient joué le rôle d’intermédiaire, en rapportant leur découverte en Occident.
Les premières cartes à jouer retrouvées en France sont datées de la fin du 14e siècle. Au siècle suivant, le premier cartier troyen est identifié, bientôt suivi par un deuxième.
La fabrication de jeux de cartes devient-elle une activité économique à part entière à Troyes ? Difficile d’en être certain, car d’après Thierry De Paulis, on perd sa trace pendant plusieurs décennies, jusqu’au milieu du 16e siècle.
Plusieurs cartiers troyens sont ensuite connus à la fin du 16e siècle et au début du 17e siècle… et doivent bientôt payer des impôts au roi, lorsque Henri IV créé une taxe sur les « cartes, tarots et dés » : les artisans de sept villes du Royaume sont concernés dont les troyens.
Au milieu du 17e siècle, 18 cartiers sont en activité à Troyes et vendent leur production, d’après Thierry De Paulis, sur une zone allant de la Champagne entière à l’Alsace. Au 18e siècle, le nombre de cartiers chute peu à peu à Troyes et les survivants semblent se diversifier : certains commencent à vendre ou à produire également des livres, d’autres se mettent à l’impression d’images.
Les cartes dont la Médiathèque de Troyes Champagne Métropole conservent les « portraits » ont pour la plupart été fabriquées en sculptant des bois gravés servant ensuite à l’impression, selon la technique de la xylographie.
Deux magnifiques bois gravés d’époque, patiemment sculptés, représentant les figures des cartes sont également conservés dans les collections de la Médiathèque.
Pour en savoir plus sur les maîtres cartiers troyens, La Vie en Champagne vous propose dans son dernier numéro un article très complet écrit par Thierry De Paulis :
Disponible en librairie et à la Médiathèque !
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