Les manuscrits espagnols et italiens dans les collections de la Médiathèque     

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Par Laura Dudek | Le 12 mai 2023 | Manuscrits et incunables

C’est au cours d’une étude portant sur la conception d’un nouvel outil de recherche relatif aux manuscrits modernes, postérieurs à 1500, que notre curiosité s’est tout particulièrement portée vers quelques-uns d’entre eux : les manuscrits en langues étrangères. En effet, sur les quelque 863 notices conservées, seules neuf concernent des manuscrits rédigés en italiens et deux sont en espagnol, dont l’un d’entre eux est d’une provenance inconnue. Pour le reste, tous sont issus de la vaste collection de la famille Bouhier.  

Pourquoi cette famille de collectionneurs a-t-elle choisi d’acheter des documents espagnols et italiens ?  Il faut savoir que la famille Bouhier est une famille d’avocats, de jurisconsultes et d’ecclésiastiques de la ville de Dijon, ayant amassée en deux siècles plus de 30 000 livres et environ 2 000 manuscrits. Ces informations nous permettent de mettre en lumière les sujets de prédilections provenant de leur bibliothèque, et de mieux comprendre les raisons de ces achats. La plupart de ces manuscrits abordent des thématiques telles que la religion chrétienne, la politique royale, le droit.

Parmi ces manuscrits, un document rédigé en italien qui retranscrit une description de la cour de Rome, en faisant une présentation du pape ainsi que de tous les cardinaux de l’an 1646. Ce sont ainsi 73 portraits qui sont reproduits dans ce document, à l’aide de gravures sur bois, et qui ont ensuite été coloriés manuellement avec du rouge.  

Dans la collection Bouhier, on trouve également un livre aux armes du roi Henri IV. Elles sont reproduites sur la couverture de ce beau manuscrit en vélin, à l’écriture italienne soignée aux initiales et encadrements dorés.  

La famille Bouhier possède également un manuscrit rédigé par Torquato Tasso, plus connu sous le nom francisé de Le Tasse. C’est un célèbre poète italien resté dans la postérité notamment pour la rédaction de l’épopée La Jérusalem délivrée (en italien Gerusalemme liberata), qui relate d’une fiction de la Première Croisade opposant les chevaliers chrétiens aux Sarrasins, nom donné aux personnes de confession musulmane à l’époque. Ce livre a pu être acquis pour la renommée de son auteur, mais également pour les sujets religieux qu’il aborde. 

Quelques éléments de bibliographie matérielle

Il est également captivant de s’intéresser à la matérialité de ces manuscrits (filigranes, autographes, notes marginales, encres…). En effet, si certains ne possèdent pas forcément des reliures prestigieuses, ils possèdent cependant des éléments caractéristiques physiques inhérentes à la structure du livre ancien. Et parfois, les hasards du temps nous livrent aussi quelques bizarreries… 

Dans la plupart des manuscrits à partir du 13e siècle (en Italie), et au 14e siècle en France, et tout particulièrement à partir du 16e grâce à l’expansion des moulins à papier, les manuscrits sont pourvus de filigranes. Ces dessins présents dans les manuscrits peuvent être vus en transparence, et symbolisent la marque du papetier. Ils représentent souvent des éléments de la vie quotidienne, tels que des animaux, des armoiries, des portraits… 

Ci-dessous, une série de filigranes :

D’autres manuscrits contiennent quant à eux des signatures et ruches (terme paléographique désignant un motif décoratif accompagnant une signature, pour se distinguer et authentifier un acte, une appartenance).

Dans certains manuscrits, on trouve également des manicules (à ne pas confondre avec la « manchette » qui apporte des informations complémentaires sur le texte), ces petites mains avec leurs index pointés sur le passage d’un texte. Elles servent à l’attention sur un passage du texte.

Ainsi que des curiosités… Dans l’image ci-dessous, la voyez-vous ? Il s’agit de paillettes venant agrémenter l’encre de ce passage manuscrit ! En effet, cette encre à « paillettes » serait une réaction due à des éléments métalliques présents dans l’encre, et non pas, à notre grand malheur, pour faire la fête ! On en retrouve à différents endroits dans le manuscrit, pouvant laisser penser à des ajouts réalisés au même moment avec la même encre.  

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