Les métamorphoses du jour

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Par Caroline Maire | Le 17 octobre 2025 | Iconographie | Imprimés

Ouvrir un livre illustré par Jean-Jacques Grandville, c’est pénétrer dans un univers peuplé de créatures hybrides, où le réel et le fantastique se mêlent pour donner vie à des scènes teintées d’humour et poésie.

Né en 1803 à Nancy dans une famille d’artistes, Grandville fait ses débuts comme apprenti miniaturiste dans l’atelier de son père, avant de rejoindre Paris où il dessine notamment des costumes pour les comédiens de l’Opéra-Comique.

Grandville par lui-même. Cul-de-lampe de l’édition de 1869. Les métamorphoses du jour. Quantin 280

En 1829, il publie Les métamorphoses du jour. L’ouvrage lui apporte la notoriété et révèle au grand public son style incomparable. Comme avant lui Jean de La Fontaine et autres fabulistes de renom, il y crée des animaux anthropomorphes dans le but de railler les vices et les mœurs de la société de son temps. Entre tendresse et férocité, ses 70 planches lithographiques en couleurs, rehaussées à la main, sont accompagnées de textes de journalistes et écrivains.

Inspiré par les travaux de Buffon, son trait vif et précis est aussi influencé par la physiognomonie qui prétend lire le caractère d’une personne à partir des traits de son visage et étudie les similitudes entre les faciès humains et animaux. Les profiteurs apparaissent ainsi sous les traits de loups, de requins ou de rapaces, les artistes sous forme de singes… Les nombreux envieux qui tentent de copier son travail se retrouvent croqués sous la forme de geais (planche LXII).

Le succès du livre lui ouvre les portes de diverses revues satiriques telles La Caricature, ou La Silhouette, où il devient l’un des précurseurs du dessin de presse aux côtés de Gavarni ou Honoré Daumier. Mais ces caricatures, qui ciblent principalement la bourgeoisie et les institutions, ne sont pas du goût de tous. En 1835 une loi est promulguée, exigeant une autorisation préalable à la publication de dessins satiriques. Jugée anticléricale, la planche ci-dessous se retrouve ainsi interdite de publication.

Grandville se tourne alors vers l’illustration. Tantôt satirique, dans Scènes de la vie privée et publique des animaux, tantôt littéraire avec des classique tels les Fables de La Fontaine, Don Quichotte, Les Voyages de Gulliver, ou Robinson Crusoé. Il publie également de fabuleux recueils de lithographies, comme Les Fleurs animées ou Un autre monde qui, chacun à leur façon, plongent quiconque s’y aventure dans des univers empreints d’une beauté onirique et fantasmagorique.

Dans tous ces livres, on retrouve le style inclassable qui lui valut ses premiers succès et fit de lui l’un des plus grands illustrateurs du 19e siècle. Artiste visionnaire et maître de la métamorphose, il a été et reste admiré de nombreux créateurs du 20e siècle, de Dali à Disney pour ne citer que les plus célèbres…

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