Noël au jardin

Par Caroline Maire | Le 22 décembre 2023 | Iconographie

Alors que les jours sombres et froids incitent au repli et à l’intériorité, la nature endormie recèle pourtant mille trésors à glaner pour célébrer l’hiver, et renouer avec d’antiques coutumes.

De nombreuses traditions aujourd’hui associées à Noël trouvent leurs origines dans les célébrations païennes du solstice d’hiver, dans lesquelles le végétal était chargé de symboles.

Une promenade en pleine nature est alors l’occasion de marcher dans les pas des peuples du Nord, qui célébraient Yule, mais aussi des Romains qui à l’occasion des Saturnales fêtaient Sol invictus, le soleil invaincu. Ou encore des Celtes, pour qui la période était marquée par le combat fraternel entre le roi Houx, régnant sur la saison sombre, et le roi Chêne, garant du retour de la lumière.

Au moment où les nuits sont les plus longues, les présents de la nature en hiver symbolisent la persistance et l’espoir du renouveau.

L’arbre est une figure centrale dans la mythologie celte, car il constitue un lien entre le ciel, la terre et le monde souterrain. Parmi les sept arbres sacrés on retrouve le houx, plante emblématique de la saison. Installé aux portes des maisons, sous forme de bouquet ou de couronne, il protégeait le foyer de l’hostilité de l’hiver. Les romains y associaient le lierre pour décorer leurs maisons.

La symbolique de la couronne, dont la forme circulaire renvoie à l’éternel recommencement des saisons, est parvenue jusqu’à nous. Tressée à partir de tiges souples de noisetier, de saule ou de bouleau, elle s’orne d’autres persistants et de baies de toutes sortes.

Toujours vert alors que la nature est en grande partie dénudée, l’incontournable Roi des forêts s’invite aujourd’hui dans nos maisons selon une tradition venue du nord et de l’est de l’Europe, dont les origines se perdent. Une archive datée de 1521 mentionne déjà un arbre de Noël, à Sélestat en Alsace. Des pommes en décorent longtemps les branches, avant qu’une pénurie ne donne aux verriers mosellans l’idée de souffler des pommes de verre, créant, en 1858, les premières boules de Noël.

Dans le jardin, ou sur le rebord d’une fenêtre, quelques fleurs égaient encore la morne saison et anticipent le retour du printemps.

Et pour franchir le seuil de la nouvelle année de la plus douce des manières, n’oublions pas le traditionnel bouquet de gui et la jolie coutume du baiser qui l’accompagne. Cette plante parasite et toxique pour l’homme est paradoxalement associée à la chance et à la prospérité dans de nombreuses cultures. Surnommée le « Rameau d’or », les Celtes lui connaissaient des vertus médicinales et lui attribuaient des pouvoirs magiques. Pline l’Ancien raconte dans son Histoire naturelle que les druides la recueillaient dans un drap blanc et à l’aide d’une serpe d’or, lors de la sixième nuit du solstice d’hiver, première de l’année celtique. Ils s’assuraient ainsi de débuter un nouveau cycle en attirant l’abondance et la fécondité, et en chassant les mauvais esprits.

L’arbre du monde : la cosmologie celte. Patrice Lajoye. BU Religions 299.16 LAJO

L’histoire de l’arbre de Noël, du 16e siècle à nos jours. Ville de Sélestat.

Les fêtes celtiques. Françoise Le Roux, Christian-J. Guyonvarc’h. BU Religions 299.16 LERO

Yule. Rituels, recettes et traditions du solstice d’hiver. Susan Pesznecker. Société 394 PESZ

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2 Commentaires

  1. mendak noble danièle

    merci à tous pour vos publications d’un grand intérêt et que j’ai plaisir à partager!
    Belles fêtes dans la joie et la sérénité!

    culturellement vôtre
    d mendak noble

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  2. Célyn

    Très bel article ! Court mais néanmoins intéressant.

    Réponse

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