La grande époque de la bonneterie troyenne – Les fêtes de la bonneterie

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Par Céline Nadal | Le 4 novembre 2016 | Billets invités | Histoire locale

Nous poursuivons notre exploration du monde de la bonneterie, à l’occasion de l’exposition « Mémoires de l’Industrie » jusqu’au 19 novembre à la Médiathèque du Grand Troyes. A l’honneur dans cette exposition, les Fêtes de la bonneterie sont restées comme un symbole du rayonnement de cette industrie troyenne.

 

La bonneterie est la fabrication des articles en tricot (aussi appelé « maille »).

 

Un tissu peut être obtenu de différentes façons. Le tissage consiste à entrecroiser des fils de chaîne avec des fils de trame, on obtient alors un tissu assez rigide. Le tricotage au contraire s’obtient à partir d’un seul fil qui s’enroule sur lui-même et forme des boucles (mailles), on obtient alors un tissu souple et élastique qui s’adapte très bien à la forme souhaitée.

Ceci explique pourquoi le tricot est utilisé pour réaliser des sous-vêtements (slips, chaussettes, bas, corsets…) mais aussi des gants, des bonnets (d’où le terme « bonneterie »), des chemises, des pulls ou encore aujourd’hui toutes sortes de tissus aux propriétés mécaniques ou chimiques particulières (« textiles techniques ») pour le domaine médical (orthèses, gaines…) ou industriel (tissus anti-feu pour sièges de train…).

 

La bonneterie a fait la gloire de la Ville de Troyes et du département de l’Aube : Troyes a d’ailleurs reçu le titre de « capitale européenne de la maille aux XIXème et XXème siècles ».

La bonneterie au métier a démarré à Troyes au milieu du XVIIIème siècle et s’est fortement développée au XIXème siècle  grâce à la multiplication des ateliers de bonneterie et grâce aux nombreuses innovations d’inventeurs troyens tels que Delarothière, Jacquin, Gilet, qui n’ont eu de cesse de perfectionner les métiers et d’automatiser toutes les étapes de fabrication.

Ce qui a fait la grande force de la bonneterie troyenne, c’est à la fois la capacité à innover sans cesse, la qualité de la production et des savoir-faire et enfin l’intégration sur place de toute la chaîne de production : de la fabrication des machines à la confection (coupe et couture pour réaliser des vêtements) en passant par le tricotage du tissu et la teinture. Presque toutes ces étapes sont encore présentes aujourd’hui à Troyes  (à l’exception de la fabrication des machines), malgré les nombreuses fermetures et délocalisations de ces quarante dernières années.

 

En 1860 a lieu à Troyes une grande exposition industrielle consacrant le rôle de la ville comme capitale de la bonneterie. Quelques dizaines d’années plus tard est organisée la première fête de la bonneterie : les 11, 12 et 13 septembre 1909. D’autres fêtes de la bonneterie suivront, organisées de façon irrégulière de 1909 à 1938.

La grande fête de 1909 attire 30 000 spectateurs. Une élection est organisée pour choisir la Reine de la bonneterie. C’est Renée Kuntz, raccoutreuse aux établissements Desgrez (usine qui fabrique des bas de luxe), qui devient la première Reine de la bonneterie. Elle est couronnée à l’Hôtel de Ville le 12 septembre. Sa couronne, son éventail ainsi qu’un ensemble de souvenirs (photos, cartes postales, poèmes adressés à la Reine de la bonneterie) seront vendus aux enchères plus d’un siècle plus tard, en 2011, et acquis par le musée de la bonneterie. Une partie de cet ensemble est exposé à la Médiathèque du Grand Troyes dans le cadre de l’exposition Mémoires de l’industrie en Champagne-Ardenne (17 sept 2016-19 nov 2016).

La fête de 1909 s’accompagne d’une grande cavalcade réunissant 1200 figurants, 19 chars et 300 chevaux. Si cette fête a laissé un si fort impact dans la mémoire collective des Troyens, c’est tant par l’importance des festivités que par le symbole qui y est attaché : la fierté d’un métier et d’un savoir-faire.

 

 

Céline Nadal

Conservateur du Muséum et du Musée de la bonneterie de Troyes

 

 

Bibliographie : Regards sur la bonneterie auboise d’hier à aujourd’hui.

N° 54 de la revue La Vie en Champagne, avril/juin2008.

 

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3 Commentaires

  1. Adree Kamm

    Bonjours, je suis une troyenne qui à travaillé dans pas mal d’usines de bonneterie et j’aimerai savoir combien
    en comptait la ville de Troyes dans les années 50
    ‘à 70 pour pouvoir raconter’ à mes petits enfants, je vous remercie d’avance cordialement

    Réponse
    • jacques chereau

      Bonjour,
      mon père a travaillé dan une petite bonneterie avenue du premier mai a troyes dans les annees 50 quelqu’un peut i l me renseigner sur cette usine
      merci a vous

      Réponse
  2. Scolart

    Bonjour, madame Cécile Nadal; j’ai 75 ans et 55 ans de vie dans le textile , j’ai suivi mon père qui a terminer comme professeur de bonneterie à Tournai. J’ai fait du tricotage un « HOBI »

    J’ai déjà visité votre musée à plusieurs reprises. Pour le tricotage c’est magnifique quoiqu’il manque une partie consacrée aux métiers chaine .Il est aussi dommage que quelques métiers ne puissent tourner occasionnellement. Enfin, il est de loin beaucoup mieux que celui de Quevaucamps en Belgique.
    Bien cordialement
    Scolart

    Réponse

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